Les monologues de Gaza : «pour agir toujours et très fort sur les cerveaux»

l’affiche du spectacle,  « Monologues de Gaza »

A Laval depuis 1987 le Théâtre du Tiroir fait en Mayenne du spectacle, presqu’un cri! Il faut saluer ici le travail effectué par la vingtaine intermittents du spectacle réunis autour du directeur artistique Jean-Luc Bansard. Le Théâtre du Tiroir avait déjà présenté Trois en un. Il s’agissait d’«un spectacle en arabe surtitré en français. Trois comédiens s’interrogeaient sur la signification du théâtre dans une société qui ne reconnait pas la valeur de cet art, et sur leur combat pour le faire admettre dans la cité et dans leur vie. Voici à présent un témoignage universel d’une Adolescence en Résistance.»


A Laval, « le théâtre pour guérir »

Par Édouard G.


Provoquer un choc des cultures pour alerter et informer. Pour ouvrir les yeux et les garder pleinement actifs. Pour savoir et comprendre. Pour être en mesure de saisir par exemple les implications géostratégiques de conflit, alors qu’une campagne médiatique pousse à négliger les produits en provenance d’Israël. D’ailleurs le ministère des Affaires Etrangères devait déclarer officiellement que «la France est fermement opposée au boycott d’Israël. La France et l’Union européenne ont par ailleurs une position constante et connue de tous sur la colonisation.»

A Laval, dans Les monologues de Gaza, la Compagnie de Jean-Luc Bansard a convoqué pour cette mise en scène «des adolescent(e)s issu(e)s  sept pays et de villes des Pays de la Loire, dont Laval, guidés par des artistes professionnels, [qui] diront, joueront, danseront les paroles écrites par 33 jeunes de Gaza en 2010 après les massacres subis par la guerre israélienne « Plomb durci » de janvier 2009.»

«Le théâtre pour guérir … ?» questionne le lavallois Bansard amoureux de son pays et qui a depuis très longtemps «élargi ses horizons». Et ce n’est pas toujours du goût de tout le monde. Ainsi sur internet sur un site pro-israëlien on écrit de lui pour le dénigrer «cet acteur raté pro-palestinien, parcourt beaucoup de chemin pour délégitimer Israël avec ses potes d’Euro Palestine.»

Il n’empêche, dans sa présentation le Théâtre du Tiroir explique qu’ «en 2009, le comédien gazaoui Ali Abu Yassine, du Théâtre Ashtar, [a] form[é] des jeunes de la bande de Gaza à l’expression théâtrale, avec le soutien de l’UNICEF.

En 2010, le Théâtre Ashtar forme un nouveau groupe d’adolescents âgés de 14 à 18 ans, à l’aide de techniques d’art-thérapie et d’écriture. Les trois premiers mois sont consacrés à guider ces jeunes dans l’expression des blessures liées au traumatisme du récent conflit, de leur vécu, de leurs rêves, leurs peurs, leurs espoirs…»

C’est ce travail qui a fait naître Les Monologues de Gaza. L’équipe de Jean-Luc Bansard poursuit en écrivant qu’« à la fin de l’année 2010, le projet acquiert une dimension internationale et donne lieu à une série de lectures et de performances menées par des jeunes du même âge, dans toute la Palestine ainsi que dans 50 villes du monde entier, le tout en 33 langues.»

Car il est certain qu’il faut «donner la parole à la jeunesse, avenir du monde.» Et donc la «performance [est] prolongée durant la saison 2014-2015, par nécessité et par évidence après les derniers massacres à Gaza de l’été 2014. »

Selon l’ONU cette année là «plus de 1 500 civils palestiniens ont été tués à Gaza durant la guerre qui a opposé Israël aux groupes armés palestiniens. C’est le conflit le plus meurtrier de ces dernières années à Gaza. Il a touché notamment des enfants, plus de 500 d’entre eux ont péri dans cette guerre

Pour les acteurs du Petit Théâtre Jean Macé à Laval « il est nécessaire que d’autres jeunes du monde se joignent à la ronde mondiale des Monologues de Gaza commencée en 2010. Ce projet ajoute le Théâtre du Tiroir porte aussi l’ambition d’accueillir en 2016 en tournée régionale en Pays de la Loire des jeunes venus de Palestine colonisée et occupée et qui auront vécu la même expérience. »