«Architecture bancale» dit Jean Arthuis en parlant de la «zone euro en danger»

Jean Arthuis, l'ex président du département de la Mayenne

Le mayennais Jean Arthuis aime l’Euro. On le savait. Il a même déclaré récemment en session plénière du Parlement européen à Strasbourg, qu’il «croit à ses bienfaits ». L’expert comptable qu’il a été ne peut pas se démentir, les chiffres c’est son truc, aussi le député européen mayennais et président de la Commission des budgets qu’il est devenu, en appelle au «courage et à l’audace » de ses collègues responsables européens en demandant «une légitimité démocratique» pour une «gouvernance nouvelle» qu’il appelle de ses vœux. Parce que selon lui «la zone euro est en danger».


Par Thomas H.


lettreguillemetsbig-9.jpg«Son architecture est bancale» dit le député mayennais en parlant bien sûr de la zone euro. Mais pour lui pas question d’en sortir, comme le préconise des politiques populistes d’extrême droite. Non, il faut au contraire la réparer.

Jean Arthuis préside la Commission des budgets à l’Europe. A peine nommé député européen, il est déjà en responsabilité car il est homme à aimer le pouvoir et les pouvoirs qui vont avec. Il a plaidé ce mardi 15 décembre 2015 pour la « nomination d’un ministre des Finances, à temps plein ». Cette proposition, qui peut sembler au demeurant légitime, ressemble à une proposition de poste qui pourrait être taillée pour lui. Même si il n’a pas fait à notre connaissance acte de candidature, on ne peut pas imaginer que l’Europe pour lui, ne puisse se concevoir sans une implication réellement à sa hauteur.

Et soucieux de légalisme, Jean Arthuis ajoute que la fonction du ministre des Finances de la zone euro doit être « incompatible avec la charge de ministre dans l’un des États membres de la zone euro, question de disponibilité et d’élimination du soupçon de conflit d’intérêts ». Ce qui semble lui correspondre là aussi. L’expérience en plus car il a été Grand argentier en France dans un gouvernement des années 90.

Éviter le conflit d’intérêt, ne pas donner dans le mélange des genres, cela a toujours été une de ses préoccupations, pour lui même sans doute et pour ses proches amis politiques en Mayenne à qui il a redit récemment de faire attention.

Jean Arthuis estime en dressant le portrait de la zone euro qu’elle « n’a toujours pas de politique économique » car finalement et selon l’analyse qu’il en fait « elle additionne des politiques nationales encadrées par le Pacte de stabilité et de croissance (…) que beaucoup de pays transgressent», note-t-il perfidement.

On a décidément l’impression à l’écoute de ce discours prononcé par l’ancien président du Conseil général de la Mayenne que l’intéressé plaide là aussi en sa faveur quand l’ancien ministre des Finances d’Alain Juppé exhorte ses collègues à le suivre pour réclamer la « mise en place d’une Direction générale du Trésor, pour coordonner la question des emprunts publics, renforcer l’Union bancaire, stabiliser les marchés financiers et garantir les dépôts  ».

Ce disant, ce que le mayennais de Bruxelles oublie dans son inventaire à la Prévert, c’est de mettre en évidence des axes – ou à tout le moins un axe – de lutte efficace contre l’évasion fiscale à l’échelon européen. Rappelons toute de même que rien qu’en France l’État perd au minimum 80 milliards d’euros par an, qui se volatilisent, soit en gros 3% du PIB, le Produit Intérieur Brut. Et en avril 2013, Herman Van Rompuy le président du Conseil européen estimait lui que « l’évasion fiscale prive les pays de l’Union européenne de 1.000 milliards d’euros par an ».

De biens belles sommes non (?) qui pourraient servir à financer de biens beaux programmes utiles au plus grand nombre d’européens et qui pourraient en plus permettre d’oublier bien des dettes ! N’est-ce pas?