Arithmétique – Le renoncement de François Hollande est le troisième évincement, après Sarkozy et Juppé, de la politique française en l’espace de quelques jours. Un drôle de nettoyage qui en dit assez long sur le besoin de renouveau dans la représentation politique. Cela ouvre des perspectives pour les uns et des espaces de crainte pour les autres.
Par Thomas H.
Mais ce n’est pas simple de partir, de devoir renoncer. De quitter une primaire de la droite et du centre parce qu’on est éliminé alors qu’on se saurait bien senti inspiré 5 ans de plus sous les auspices confortables et protecteurs d’une immunité présidentielle. Pas évident à vivre non plus pour l’ancien Premier ministre de Chirac, le fait de devoir se recentrer sur ces terres bordelaises sur un échec ; quand surtout au second tour de la Primaire les jeux sont fait de belles manières. Pas concevable d’annoncer, même devant 14 millions de téléspectateurs et en prime-time qu’on renonce. Quand on est le N°1, et qu’il est légitime de penser qu’il est possible de briguer un second mandat.
Nicolas Sarkozy en avait fait l’expérience douloureuse. Celle d’un possible second mandat qui lui a échappé, quand il s’est fait éliminé par François Hollande, « le Président normal ». Le magazine américain Time, à l’époque, avait titré en couverture bien avant les élections « Adieu?», pointant ainsi le fait que selon les sondages, Sarkozy ne se succéderait pas à lui même. C’était un titre prémonitoire. Le «Président sorti» avait nourri un besoin de revanche, à la fois personnel et politique.
Harcèlement moral en politique
Hollande a choisi lui de partir tout en restant jusqu’au scrutin. Il a pris le parti de renoncer à l’humiliation annoncée par les sondages, ces thermomètres politiques qui font monter la fièvre et à qui on peut faire dire tout, et même plus. Des instruments de mesures de l’opinion qui font l’opinion, ou la façonne à l’envie. Ne donnait-ils pas Juppé vainqueur à tous les coups, en le positionnant comme un recours possible?
Il a beaucoup été prêté à ce Président socialiste. Pleins de reproches lui ont été faits, une sorte de harcèlement moral contre son action. Notre démocratie permet la liberté d’expression avec parfois ces contreparties déviantes, et hystériques sur l’internet et les réseaux sociaux. Le Hollande-bashing a fonctionné à « donf » animé par les forces de droite, les réseaux sociaux ou la presse. Et particulièrement la presse pilotée par ces hommes d’affaires puissants qui ne voulaient pas sous le précédent quinquennat apporter la critique au pouvoir de Nicolas Sarkozy.
Alors sous François Hollande, elle a cédé à la facilité de cette attitude de dénigrement systématique, sans négligence. Mollesse de « Flambi » et du «capitaine de pédalo», « couacs » gouvernementaux relevés à dessein, erreurs sur la déchéance de nationalité, mots qui blessent et qu’un Président ne devrait pas dire.
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Mais que restera-t-il de ce «Président normal». À son actif, le bilan qu’il a lui même fait dans son allocution. Mais il est aussi possible de lui reconnaître au moins une chose supplémentaire, et de lui donner comme crédit un choix de société qu’il a dessiné pour son pays en tenant compte des lobbys, des freins économiques, des recommandations des hauts fonctionnaires, mais aussi des sensibilités politiques de tous les Français. Un choix de société aux antipodes de celui qui nous est promis pour les 5 ans à venir ; et le temps sera vite venu de cette France qu’on nous prépare, mais alors sans doute qu’il sera trop tard pour le regretter.