« La France doit être une chance pour tous »

« La France doit être une chance pour tous »

C’était le slogan du candidat Emmanuel Macron. Mais, depuis, vainqueur et « incroyablement chanceux » comme le jugeait le New Statesman le magazine anglais de gauche, le Président s’apprête à traverser une zone de turbulences en cette rentrée. Alors que la rentrée scolaire n’est pas encore faite, s’annonce une rentrée sociale difficile. Il faut dire que le staff Macron commence à déplaire, si l’on en croit sa cote de popularité qui ne cesse de décroitre depuis son avènement à l’Élysée.

Par Thomas H.


Même François Hollande n’avait pas réussi à chuter aussi vite pendant les 3 premiers mois de présence au 55 rue du Faubourg Saint-Honoré. Il avait commencé à franchement déplaire beaucoup plus tard !

Des urgences relatives

Pour reprendre la métaphore du New Statesman, le « Napoléon hyper ambitieux » n’aurait, lui et ses ministres selon son porte-parole Christophe Castaner « pas fait assez de pédagogie  ». La pédagogie, spécialité du prof’ou de l’instit’ qui s’apprêtent à rejoindre les classes. Comme si cette excuse expliquait tout. Mais n’est-ce pas le « cours » dans ce cas qui ne passionnent pas les élèves?

Leçons, devoirs, retrait et soustraction, petites phrases de morale, et de rhétorique, le compte n’est pas assez bon. Pas assez de communication selon l’exécutif. Pas assez de densité. Avec l’ISF, l’impôt sur la Fortune remanié pour quelques happy few, la suppression programmée des emplois aidés, et dans le même temps la baisse de 5 euros par mois des APL, (Aides Personnalisées au Logement) qui continue à mal passer en ces temps de rentrée scolaire et universitaire, ce n’est pas un signal fort qui est donné à la jeunesse et aux plus démunis. Le ministère des comptes publics, il est vrai a été confié à la droite. Et avec ces réformes, ce n’est pas non plus « une chance pour tous. » qui est offerte.

À qui profitent ces «besoins de réformes»

Et ce n’est pas également la refonte du Code du travail qui serait là pour calmer le jeu. Loin s’en faut. Salariés, retraités, fonctionnaires le perçoivent bien qui savent que les règles qui régissent le travail ont sans cesse été changées au cours des dernières décennies sans qu’il n’y ait eu d’effets substantiels sur la baisse du chômage. Alors? Ces « besoins de réforme  » à qui profitent-ils ? Encore une fois, les Français savent qu’ils ne contentent qu’une infime partie de la population, surtout ceux qui sont les donneurs d’ordre. Et la suppression emblématique des CHSCT, qui sont appelés à surveiller la bonne santé des salariés et leurs conditions de travail, est une pilule qui a bien du mal à passer pour ne prendre que cette mesure précise de la réforme.

2017_32_new_napoleon_small.jpg« Astucieux », « fort comme un lion  » et « rusé comme un renard », voilà comment le New Statesman décrit, outre-Manche, dans son dossier Emmanuel Macron, celui qui passe pour le sauveur français. Sauf que c’était avant.

Avant que le ministre «citoyen» n’ intervienne auprès de journalistes du service public, et ne soit contraint de démissionner de son poste de Garde des seaux ; avant que le patron des Armées ne démissionne lui aussi et n’emporte dans son sillage une très grande partie de la Grande Muette, mécontente et remontée. C’était avant.

Avant que le Président, homme public n°1 qui a usé et abusé de la communication et de ses images arrangées ne porte plainte contre un photographe de presse, juste après une photo posée avec le maillot de l’Olympique de Marseille au début de ses vacances présidentielles sur la Corniche Kennedy ; c’était aussi avant de trouver urgent, comme si c’était la priorité de définir un «statut » à l’épouse first lady du président. L’hebdo britannique posait cette question en Une, accolée juste à coté de ce « nouveau Napoléon français  ». Assez révélatrice : « L’ambition d’Emmanuel Macron le mènera-t-il au désastre? »

Une politique instable

Résultat, le pays est toujours aussi divisé que par le passé. Seuls 20 millions d’électeurs ont pris part au vote sur les 47 millions que compte en fait le pays réel. C’est peu. « Bâtir une France nouvelle avec vous, c’est le projet que je vous propose  » écrivait le candidat dans sa profession de foi. Pour le moment une très grosse majorité de français sont plutôt spectateurs de mesures de régressions sociales qui les concernent au plus haut point, qui vont les gêner dans leur vie quotidienne, et pour lesquelles ils n’ont pas été consultés. Pas vraiment acteurs. Avec un sentiment amer que leur élection de « renouveau et d’espoir  » leur a bel et bien été confisquée. Autant de portes ouvertes finalement à toutes actions légitimes de contestation.