« Alerte collective » : lettre ouverte à l’ARS – Par les soignants du SPAL 🔓

Une illustration de la santé mentale par NPXL_Studio
Une illustration de la santé mentale par NPXL_Studio

Les équipes du Service de Psychiatrie Adulte Lavallois interpellent à nouveau le directeur de l’ARS pour sauver ce qui peut l’être, à commencer par les malades et leurs soignants et s’alarment face à la poursuite du démantèlement de la psychiatrie adulte au CH Laval. La santé mentale, dernière roue du carrosse de l’institution hospitalière alors que le gouvernement prétend en faire une « grande cause nationale ». Comme le disait Jimmy Carter, « La mesure d’une société se trouve dans la manière dont elle traite ses citoyens les plus faibles et les plus démunis. »


Par Les soignants du SPAL ( Service de Psychiatrie Adulte Lavallois)


la lettre M sur leglob-journa, emblématique du département de la Mayenne

Monsieur le directeur général de l’ARS des Pays de la Loire, il y a maintenant deux ans et demi, en décembre 2022, la Task Force Psychiatrie de l’hémirégion Est des Pays de la Loire présentait un état des lieux et des recommandations concernant l’organisation de la psychiatrie en Mayenne.

Ce rapport avait été réalisé sous votre impulsion face à une « crise structurelle profonde » générant de « graves difficultés pour assurer la continuité des soins ». Il était notamment précisé que la situation s’était brutalement aggravée au centre hospitalier de Laval en 2022, dans un « contexte d’épuisement des équipes ».

A ce jour, au centre hospitalier de Laval, dans les deux secteurs de psychiatrie adulte, aucune des mesures préconisées par le rapport de la Task Force n’a été mise en œuvre. En 2022, faute de médecins psychiatres en nombre, nous avons subi la fermeture d’un service d’hospitalisation entier, sur les quatre qui composent le Service de Psychiatrie Adulte Lavallois (SPAL).

Aujourd’hui, ce sont même 41 lits d’hospitalisation complète qui ont fermé, sur 88 initialement. Demain nous est promis la fermeture de 5 lits supplémentaires, et la restructuration de notre organisation pour fermer un second service.

Depuis décembre 2022, sept psychiatres ont quitté la psychiatrie adulte, un huitième annonce son départ pour novembre, un neuvième s’interroge quant à renouveler son engagement. Nos patients, eux, sont là.
Ils ont besoin de soins, besoin d’être accompagnés, parfois d’être protégés. Ils restent et doivent rester le centre de nos attentions.

Nous, soignants en psychiatrie, avons besoin de temps auprès de nos patients. Nous avons déjà payé le prix des restructurations, nous avons vu la proportion de patients hospitalisés sous la contrainte exploser, nous sommes contraints d’appeler de plus en plus régulièrement en renfort les forces de l’ordre car nous sommes souvent démunis. Nos conditions de travail, et plus encore, notre sécurité comme celle de nos patients ne doivent plus être reléguées au second plan, derrière les impératifs de rentabilité que l’on souhaite encore nous imposer.


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« Nous, soignants en psychiatrie, avons besoin de temps auprès de nos patients. Nous avons déjà payé le prix des restructurations, nous avons vu la proportion de patients hospitalisés sous la contrainte exploser [et] sommes contraints d’appeler de plus en plus régulièrement en renfort les forces de l’ordre car nous sommes souvent démunis. »


Il nous a été récemment annoncé la volonté de la direction du centre hospitalier de restructurer, une fois encore, nos services de psychiatrie. Nous nous y refusons. Nous rappelons la nécessité de conserver nos trois unités d’hospitalisation, ainsi que la séparation entre les unités aiguës et celle au plus long court. Encourager la proximité entre nos patients en crise et ceux convalescents, fragilisés par des incapacités imputables à leur pathologie, c’est prendre le risque de l’explosion.

Nous rappelons la nécessité de conserver nos effectifs, pour d’abord garantir notre sécurité comme celle de nos patients, mais aussi pour pouvoir mieux les accompagner vers le rétablissement et faciliter autant et dès que possible leur sortie. Cela nous paraît incontournable, notamment pour continuer d’accueillir, car avec déjà près de la moitié de nos lits fermés, l’accès à l’hospitalisation est devenu beaucoup plus difficile.

La santé mentale est la grande cause nationale en 2025, nous ne nous résignons pas à être laissé de côté, une fois de plus. Monsieur le directeur général de l’ARS des Pays de la Loire, pouvez-vous nous assurer de votre plein engagement pour le maintien de nos lits, pour le maintien de nos effectifs ?

Les soignants du SPAL : Service de Psychiatrie Adulte Lavallois ⬛


le slogan du Glob-journal

Cette rubrique leglob-journal.fr intitulée « Alerte syndicale » ou « Alerte collective » est pour vous. Par un communiqué de presse, syndicats, représentants des corps intermédiaires, ordres professionnels, etc. portent à la connaissance du public des situations de crise, des dysfonctionnements graves de services publics ou d’Institutions mettant en péril la cohésion sociale. L’urgence est là : le faire savoir est nécessaire pour éclairer utilement les populations, les citoyens qui ne veulent plus d’être de simples administrés. 

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