Thomas Brisseau avec Elodie Le roy – capture écran page Facebook E. Le roy
À seulement 25 ans, Thomas Brisseau qui a été nommé à la tête du RN en Mayenne après que la formation politique ait été secouée localement par un certain nombre d’épisodes dignes d’une série télé, ne semble pas non plus, selon nos informations, « faire l’affaire ». S’achemine-t-on vers une quatrième saison, avec en toile de fond un nouveau désaveu par la base qui ne semble pas apprécier notamment sa « quasi absence sur Laval » ?
Par la Rédaction

« Il n’y a rien de fait… On ne peut pas être la plupart du temps à Angers, et en même temps à Laval ! » ironise cet adhérent. Il n’est pas présent sur les « évènements publics, notamment agricoles en Mayenne, c’est ballot dans un département rural » . « Il ne fait rien depuis qu’il est nommé et il est entouré de gars du Maine-et-Loire » remarque cet autre… Bref, les critiques pleuvent. Thomas Brisseau qui succède à l’éphémère Eric Lhotelier démissionnaire (officiellement pour raisons de santé), mais qui en fait n’a pas réussi à s’imposer, (une partie de la base l’ayant désavoué à peine nommé), ne semble pas en phase lui non plus. On sent une certaine impatience de la part des adhérents car c’est à lui qu’il incombe de monter, comme il l’avance, une liste pour briguer la mairie de Laval.
Comment Thomas Brisseau, « un jeune militant, inconnu des adhérents locaux et non issu de la Mayenne » fut-il proche d’Aleksandar Nikolic, – ex-patron du mouvement de jeunesse du RN et en charge de la réorganisation du parti qui mise sur un rajeunissement des cadres -, pouvait-il réussir ce que des profils plus matures ne sont pas parvenu à réaliser ?….
Quatre mois se sont écoulés depuis sa nomination au poste de Délégué départemental. Et si vous souhaitez entrez en contact avec la fédération cela semble assez compliqué. Et pour cause, Jean-Michel Cadenas l’ancien délégué départemental passé avec armes et bagages à Reconquête ! possède toujours le téléphone portable de la Fédération départementale de la Mayenne qu’il n’a pas rendu. Lorsque nous avons composé le numéro en question nous sommes tombés sur le répondeur et l’épouse de l’ancien militaire … Amusant.
Pas de téléphone de la fédération et plus de trésorier. Il vient de perdre en l’évinçant celui qu’il avait nommé. Ce dernier venait juste d’obtenir la signature officielle de la Banque, début Août, avec carnet de chèques et CB et boom patatra, le 2 septembre, à l’issue d’un clash entre les deux hommes, il est démis de ses fonctions…
Un choix audacieux
Le choix de Thomas Brisseau était audacieux, parce que le désormais chef local du RN depuis mai 2025 est un homme qui connaît surtout les scènes du Puy du Fou et les amphis d’Angers, où il a fondé le syndicat d’extrême droite « La Cocarde angevine » avant de tenter sa chance aux dernières législatives.
Thomas Brisseau, c’est une « désignation » qui déplait manifestement et qui ne passe pas en Mayenne. Ce n’est pas la première. D’abord parce qu’elle s’est faite « sans consultation des adhérents » et parce qu’il semble ne pas pouvoir être en mesure de faire prendre la mayonnaise autour de sa personnalité. « Pourquoi nous choisir un candidat provenant d’un autre département (…) sans nous concerter [On devrait dire plutôt consulter, NDLR] (…) Qui d’autre de mieux que des mayennais ancrés localement depuis longtemps pour assurer une nouvelle dynamique ? » faisait remarquer l’un des adhérents du RN en Mayenne dans un courrier aux instances parisiennes bien avant que Thomas Brisseau ne soit officiellement nommé et que leglob-journal.fr a pu consulter. Cet adhérent qui souhaitait « alerter Paris » ajoutait, cette nomination c’est « une incertitude pour l’avenir du département au niveau local et pour les prochaines échéances électorales. Tout le travail accompli jusque-là part aux oubliettes. » Ce que dit un autre adhérent en des termes moins choisis : « Cela fait trois mois qu’on a plus de fédé et qu’on a affaire à des singes ! » .
Thomas Brisseau fait bien les trajets entre Angers et Laval. Mais cela ne semble pas suffire : « On ne le voit pas… » c’est le leitmotiv du moment. « Depuis son arrivée, de nombreuses personnes se plaignent de son absence systématique aux évènements publics, notamment agricoles en Mayenne ; c’est ballot dans un département rural » relate un autre. A Angers où il réside toujours, il faut vivre, alors Thomas Brisseau « vend des alarmes type Verisure en porte à porte dans le Sud Mayenne et le nord 49. » Il a aussi créé son entreprise individuelle en Juillet 2024 ; l’activité principale déclarée de cette petite entreprise est « coursier à vélo : livraison de repas à vélo » …
Parfois à Laval, il « convoque au café Le Bureau, les participants à un bureau de la Fédé, le dernier remonte à la mi-juillet » . Cela se fait comme ça, à brûle pourpoint, comme un étudiant qui bat le rappel auprès de ses copains pour boire un coup…

Autour du Délégué départemental qu’il est, des rôles ont été distribués ; Un trésorier et puis maintenant une trésorière, un responsable des jeunes, venu du 49, une déléguée départementale adjointe. Il s’agit d’Élodie Le roy, une esthéticienne de métier, elle aussi très photogénique, (on la voit sur la photo ci-contre). Investie par Paris pour être candidate dans la deuxième circonscription en cas de Législatives anticipées face à la députée Géraldine Bannier. Lui, repartirait au charbon dans la première circonscription détenue depuis des lustres par Guillaume Garot.
Angevin, jeune et pourtant « sans liens probants avec l’Alvarium fondée par le Mayennais d’origine Jean-Eudes Gannat, organisation d’extrême droite, identitaire puis nationaliste-révolutionnaire, active à Angers depuis 2017 » selon une source angevine qui observe le microcosme, Thomas Brisseau n’a pas été vu non plus, confirme notre journaliste sur place, dans les différents rassemblements de l’extrême droite qui ont pu faire parler sur Angers récemment.
Son image est lisse, en apparence… Mais il apparait qu’ « il a été écarté de la fédération du RN 49, suite à ses nombreux dérapages sexistes, homophobes et racistes. » relate à leglob-journal.fr à deux reprises des sources différentes. Le RN de Jordan Bardella avec Aleksandar Nicolic fait donc le pari du photogénique pour « ripoliner » la façade du parti en vue des prochaines échéances électorales, secoué en Mayenne par des épisodes qui n’ont pas servi le parti de Jordan Bardella. Comme celui de Paule Veyre de Soras qui a finalement renvoyé sa carte du RN « déchirée en petits morceaux » .
Pas là pour faire de la « figuration »
« On n’est pas là pour faire de la figuration, on est là pour gagner », avait lâché Thomas Brisseau, avec la fougue du jeune ambitieux, au micro d’Ici Mayenne. Fraîchement nommé à la tête du Rassemblement national mayennais, l’étudiant ne semblait pas manquer d’aplomb et avait balayé d’un revers de main la notion de parachutage mis en avant par leglob-journal.fr à l’époque. « Je viens d’un département voisin, ce n’est pas comme si j’arrivais de l’autre bout de la France. (…) Un handicap au début qui ne durera pas longtemps … » avait-il déclaré. Le temps semble aller contre lui…

Dans le Maine-et-Loire, il y a étudié l’histoire à la fac à Angers, info qu’on pouvait glaner sur son profil Linkedin disparu curieusement du réseau quelques jours après sa nomination. Il y écrivait être «diplômé d’un BTS Service informatique et sciences du numérique. Je suis un étudiant en L2 Histoire à la faculté de lettre et de sciences humaines de Belle-beille à Angers » . Une page Linkedin intéressante, où il expliquait aussi avoir travaillé « deux saisons en tant que serveur-danseur au Puy du Fou » créé en 1989 par Philippe Le Jolis de Villiers de Saintignon, plus connu comme Philippe de Villiers.
Thomas Brisseau est d’abord originaire de Vendée. « je viens plutôt de la ruralité, j’ai un grand-père qui était agriculteur, un éleveur en fait, j’ai beaucoup travaillé avec lui aux champs », confiait-il à Ici Mayenne.
Pourtant, c’est en ville qu’il s’est forgé son réseau politique. Installé à Angers depuis cinq ans, il a créé l’antenne locale de La Cocarde étudiante à la fac où il étudiait, un syndicat d’extrême droite avec lequel il a été tête de liste aux élections universitaires 2023 : scrutin qui s’est déroulé dans une atmosphère électrique, entre tracts « Pas de fachos à l’université ! » et débats fiévreux.
On retrouve Thomas Brisseau dans tous les événements estampillés La Cocarde étudiante : distribution de tracts, apéros militants, soirées cinéma autour du film Vaincre ou mourir, consacré aux « martyrs vendéens » produit par Puy du Fou Films, ou encore brandissant fièrement le drapeau français lors d’un rassemblement du 11 novembre. Il est proche, ou l’a été, d’Aurore Lahondès, la déléguée départementale du RN dans le Maine-et-Loire. On le voit sur beaucoup de photos qu’elle poste sur son compte Instagram. Avant de quitter la fédération.

Thomas Brisseau en deuxième position à coté d’Aurore Lahondès (en rouge) en Avril à Angers lors d’une distribution de tracts – Capture Instagram
Sur les ondes de Radio chrétienne de France (RCF), il se présente comme un « vrai patriote », porte-drapeau au sein d’associations d’anciens combattants, et revient sur son engagement politique avec une franchise désarmante : « J’ai été poussé vers le Rassemblement national plutôt que d’y aller de ma propre volonté. » Deux ans plus tard, il devient candidat RN aux législatives dans la 2e circonscription du Maine-et-Loire où il obtient 24,5 % au premier tour. Il poursuit en triangulaire, où il termine finalement en troisième position avec 26,3 % des voix. Un score qui semble nourrir son appétit politique.
Il avait expliqué vouloir « remettre en avant notre patrimoine, réinvestir dans nos villages et campagnes, y remettre de la vie en faisant venir des médecins, des entrepreneurs… ». Et pour mettre en action ses promesses, le patron des RN mayennais avait promis de déménager le plus tôt possible sur Laval pour s’imprégner pleinement du terrain mayennais. Mais les promesses n’engagent que ceux qui les tiennent… ou qui les écoutent … ⬛
