Stop à l’escalade de la violence – par la Ligue des Droits de l’Homme 53 🔓

Police à Nantes pendant les Gilets Jaunes - © leglob-journal.fr

Tribune – Le rôle des autorités est de garantir le droit de manifester qui est un droit constitutionnel et non de l’entraver pour tenter par ce biais de briser le dynamisme social d’un mouvement de grande ampleur.


Par la LDH Laval-Mayenne*


la belle lettre E sur leglob-journal

En Mayenne comme dans le reste du pays, le mouvement social contre le report de l’âge de départ en retraite à 64 ans est puissant, massif, déterminé et unitaire. L’intersyndicale organise depuis janvier ce mouvement avec responsabilité et une cohésion qui donne confiance. Les niveaux de mobilisation dans les manifestations sont à un niveau inégalé dans l’histoire sociale de notre département.

Face à cela, malgré une opposition ultra majoritaire dans le pays, le pouvoir gouvernemental s’est entêté à faire passer, quoi qu’il en coûte, le texte sur la réforme des retraites. Ce passage en force, révélateur du mépris des corps intermédiaires et du mouvement social laisse un champ de ruine : Président discrédité, gouvernement en sursis, parlement affaibli, pays divisé et déboussolé.

C’est dans ce contexte délétère qu’à compter de la suite des manifestations, s’est enclenché une vague de répression des forces de l’ordre. La politique du gouvernement plonge aujourd’hui le pays dans une situation particulièrement alarmante. Le territoire français est le théâtre d’opérations de « maintien de l’ordre » de grande ampleur, violentes et totalement disproportionnées, qui conduisent à de très nombreuses gardes à vue et surtout à de nombreux blessés. Ces derniers jours ont vu le retour des nasses illégales, de l’usage d’armes mutilantes comme le LBD et de grenades de désencerclement, du gazage à outrance, de l’emploi de policiers non formés au maintien de l’ordre.

Le rôle des autorités est de garantir le droit de manifester (droit constitutionnel), et non de l’entraver pour tenter par ce biais de briser le dynamisme social d’un mouvement de grande ampleur. Ce respect des droits fondamentaux suppose la mise en place d’une véritable déontologie de l’ordre, seule de nature à concilier la population et une police dont la vocation première est de protéger les citoyens.


Une bannière violences policières de la Brav-M - LDH

Parce qu’une autre doctrine de maintien de l’ordre est nécessaire et qu’elle peut être mise en place, la LDH fait plusieurs préconisations et demandes :

  • La création d’un service d’enquête indépendant sur les pratiques des forces de l’ordre.
  • La mise en place d’un véritable matricule visible en toutes circonstances, lisible à plusieurs mètres et plus facilement mémorisable.
  • Une révision des méthodes d’intervention de maintien de l’ordre.
  • L’interdiction des techniques d’immobilisation mortelles et des armes de guerre en maintien de l’ordre.
  • Une réforme des conditions autorisant les contrôles d’identité.
  • L’emploi exclusif d’unités de police et gendarmerie spécialement formées au maintien de l’ordre.
  • La suppression de la loi de 2019 et des « délits de prévention » .
  • Le respect de la qualité d’observateurs et des journalistes.

Ce sont là les conditions à un avenir commun et apaisé. Car le risque d’un ordre qui déborde, c’est d’être lui même bientôt débordé face aux tentions et à la radicalité qu’il exacerbe.


Vu le long du cortège dans une des manifestations à Paris - © leglob-journal.fr

Vu le long du cortège dans une des manifestations à Paris – © leglob-journal.fr


Ce qui est démontré en Mayenne par la participation massive aux manifestations et mobilisations initiées par l’intersyndicale, c’est que la force du mouvement tient au nombre et à son caractère pacifique, solidaire, non violent, déterminé. Or le pouvoir, par les violences qu’il provoque cherche à briser cet élan populaire, tel qu’il s’exprime en Mayenne comme dans la majorité des départements. Le pouvoir cherche à faire peur en montrant la force. Son escalade violente est donc aussi un piège pour dévoyer le mouvement, le réduire. C’est un calcul dangereux qui peut ouvrir la porte au pire. ◼


*Loïc Bedouet et Alain Voisin, co-présidents de la LDH 53 sont les co-signataires de cette tribune


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