BD – Guerre d’Algérie retour au pays d’un soldat mayennais – par Thomas Pouteau 🔓

L'une des illustrations de la BD de l'Algérie a la Mayenne

En janvier 2020 est sortie discrètement sur les étals des librairies, la bande dessinée intitulée « Puisqu’il faut des hommes : Joseph », scénarisée par Philippe Pelaez et dessinée par Victor L.Pinel. Cette bande dessinée narre le retour compliqué et incompris de Joseph Fournier, fils d’agriculteur, dans son pays natal gorgé de soleil qu’est la Mayenne.

La Mayenne à travers une bande dessinée

Par Thomas Pouteau


Dans une interview accordée à Metro, Philippe Pelaez revient sur l’origine de l’écriture de ce scénario : « Au départ, François Dermaut (dessinateur mayennais des Chemins de Malefosse) m’a demandé de lui écrire une histoire ayant comme cadre la campagne de Mayenne dans les années 1950/1960. Je n’y ai jamais mis les pieds et je me suis demandé ce que j’allais bien pouvoir écrire. J’ai finalement pensé à l’histoire de quelqu’un qui reviendrait de la guerre d’Algérie, sans s’être battu, et j’ai imaginé quel serait son accueil. » 


La couverture de la bande dessinée qui évoque la Mayenne
La couverture de la BD © Grand Angle

En juillet 1961, comme en d’autres temps, au sortir de la guerre, le soldat revenu des combats est régulièrement désigné comme coupable. Coupable d’avoir attaqué, parfois férocement, coupable aussi de s’être défendu, souvent quoiqu’il en coûte, coupable d’avoir abandonné sa famille ou encore d’être revenu d’un conflit là où tant d’autres ont laissé leur vie sur le champ de bataille. Le retour du soldat Fournier à la vie civile dans une société qui s’est habituée à son absence, en l’occurrence la Mayenne, s’avère être un véritable chemin de croix d’autant plus quand on apprend que le soldat est resté plus de deux ans le cul sur une chaise, bien planqué derrière un bureau, alors que les autres hommes du village y laissaient leur peau.

Chaque personnage, certes caricatural, représente une réaction classique de l’époque. Joseph a manqué à sa mère, son père, travailleur agricole, s’est senti abandonné par son fils tandis que son frère a eu un accident en son absence et il le tient pour responsable. Les messes basses des villageois et une histoire d’amour manquée viennent clore le climat houleux du retour de l’enfant du pays, devenu paria.


Paysages bocagés


Peu coutumière d’être représentée en bande dessinée, la Mayenne est l’ancrage territorial de ce récit où se mêle l’adversité, le courage ainsi que le retour difficile du soldat sur ses propres terres. Bien que peu poussée, la représentation de la Mayenne est présente, davantage par des paysages ruraux caractérisés par son bocage plutôt que par la précision détaillée d’un espace urbain identifiable. Lors d’une fête au village, deux villes sont mentionnées : Château-Gontier et Laval qui restent toutes les deux des espaces en hors-champ.


Une des planches de la BD
Page 3, une des planches de la Bande dessinée © Grand Angle

Eclatante de soleil, la Mayenne de 1961 est en pleine phase de remembrement, une opération foncière visant à transformer un parcellaire morcelé pour faciliter la motorisation de l’agriculture, parfois associée à une modernisation des réseaux mais aussi à une disparition de nombreuses exploitations mineures. Les agriculteurs locaux semblent plus que résistants à cette incitation comme l’exprime un agriculteur à un élu local : « C’est pas le remembrement, c’est le démembrement, ça ! Modernité, rendement, euh… prix de revient, vous n’avez que ces mots-là à la bouche ! Mais nous on est obligés de s’endetter pour acheter du matériel.« 

Peu apparue dans la culture littéraire et cinématographique, si ce n’est quelques films ayant pour cadre son bocage, la Mayenne tapisse en toile de fond une bande dessinée émouvante, un brin trop mélodramatique, où le dessin semi-réaliste aux couleurs satinées génère beaucoup de clarté dans les illustrations. Basé sur un scénario sérieux, l’histoire racontée par les deux artistes de Puisqu’il faut des hommes est un récit captivant, probablement partagés par de nombreux jeunes hommes de l’époque, aujourd’hui grands-parents et arrière-grands-parents.


la couverture du n°94 de L'Oribus

Pour de plus amples informations concernant les appelés mayennais de la guerre d’Algérie, le numéro 94 de L’Oribus datant de novembre 2015 fourmille d’informations éclairantes ainsi que de témoignages.


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1 thought on “BD – Guerre d’Algérie retour au pays d’un soldat mayennais – par Thomas Pouteau 🔓”

  1. Belle BD en effet ! le dessin comme l’histoire sont de qualité.
    Les paysages ne m’ont pas forcément rappelé la Mayenne, peut-être parce qu’il n’y a pas de vert, couleur des prairies, mais des tons plutôt bruns
    Rappeler que François Dermaut, magnifique dessinateur et aquarelliste, mais aussi scénariste quand il racontait ses voyages, est décédé en mars 2020.

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