Film judiciaire : un festival mis entre parenthèses à Laval – Par Marrie de Laval 🔓

Lédition 2020 du Festival du film judiciaire de Laval : annulé
Image capture d’écran du site du festival d’Atmosphère 53

Annulation ! Tel a été le message reçu dès le soir de l’annonce du re-confinement. Pas simple décidément de vivre en pleine crise sanitaire, qui met les nerfs, les finances et la vie économique à vif. Pour cette édition 2020 du Festival du film judiciaire de Laval, tout était prêt, malgré l’éloignement des membres du comité de sélection pour maintenir l’évènement qui propose une autre offre de diffusion d’œuvres remarquables par leur qualité technique, leur sujet et les débats qui font suite aux projections. Hélas, tout s’est arrêté. Focus malgré tout sur le festival dont leglob-journal est partenaire et qui vous donne rendez-vous en 2021 .

La justice fait son cinéma

Par Marrie de Laval


Pour l’édition 2020, en mars, les préparatifs du festival lavallois du film judiciaire affrontait déjà les difficultés de la crise sanitaire en plus de la nécessaire entente entre les points de vue parfois éloignés des différents acteurs, porteurs de l’évènement. Avec la crise sanitaire, certains des participants au comité de sélection sont partis se confiner dans leur région d’origine et il a fallu recourir au télétravail. 

Il faut imaginer le volume de données représenté par des films dans les tuyaux d’internet pour que tout le monde puissent les visionner avant de vouloir les retenir. Si les distributeurs se sont montrés compréhensifs et ont déployé des accès vers des plateformes de visionnage, la durée de leur disponibilité n’a pas toujours été adaptée à la situation.

L’association avait finalement  rouvert ses locaux le 22 juin dernier. Et tout l’enjeu était  de garantir l’accès du public dans des salles exemptes de tout risque sanitaire. « Nous avons la chance de ne pas avoir eu de foyer épidémique dans une salle de cinéma en Mayenne » soulignait Fanette George fin octobre dernier dans un entretien téléphonique. « Mais il faut s’informer au jour le jour des préconisations d’accueil du public, d’autant que nous avons une forte demande de la part des écoles, privées de sorties depuis le début du confinement », poursuivait-elle. « Si habituellement près de 950 élèves participent, nous sommes à 1270 inscrits cette année ». Et cela se vérifiait également pour les autres activités de l’association Atmosphère 53 destinées à la jeunesse.

La demande était là, le besoin de sortir et de se nourrir intellectuellement apparaissait urgente après ce confinement des corps et des esprits. Pour une salle avec une jauge de 450 places, 270 spectateurs seulement devaient pouvoir entrer. Il fallait donc prévoir la mobilisation de deux salles, avec un léger différé pour que les intervenants aux débats  puissent venir dans un temps imparti auprès de l’ensemble des spectateurs, sans décaler la séance suivante.

« Heureusement, le Cinéville qui abrite le festival dispose de 9 salles pour 2000 fauteuils. Il y a toujours moyen de s’organiser en toute sécurité »  devait détailler Laurent Gaudin, le tout nouveau directeur du multiplexe lors de la conférence de presse qui se tenait  le lundi 26 octobre dans la salle des affaires pénales du tribunal judiciaire avec l’ensemble, ou presque, des membres du comité de sélection.

Le défi est d’autant plus grand que, cette année, le festival espérait accueillir quinze invités pour participer aux débats qui devaient suivre les projections, à destination tant du public adulte que scolaires ; un nombre en progression, là aussi, par rapport aux années précédentes.


Une autre programmation cinématographique


Il faut tout à la fois vulgariser et informer sur les droits, un très large public souvent éloigné du monde judiciaire, tout en tenant compte de l’âge des spectateurs et en valorisant des œuvres rarement diffusées sur le département avec une réelle qualité cinématographique. Attention cependant, un documentaire ou un film peut se voir écarté de la sélection au motif qu’il tient un discours un peu trop polémique. Bref, il faut parfois rester « politiquement correct », tout en réveillant les consciences. Ce n’est pas toujours simple.


Sabine Orsel, Présidente du Tribunal Judiciaire de Laval : « ça me fait tout bizarre d’être de ce coté de la barre » rit-elle avant de s’enthousiasmer pour le festival – © leglob-journal

Il faut bien admettre que l’annonce d’une thématique facilite grandement la clarté du propos dégagé à la fin de chaque projection pour mettre en route un échange et ouvrir le débat. C’est ce que tente de défendre le Tribunal Judiciaire, le Barreau de Laval et le Conseil Départemental de l’accès au Droit.

Pour autant, l’association Atmosphère53,  forte de sa programmation et la promotion de films de qualité et au contenu riche, se montre sensible à la réalisation et à la difficulté parfois de trouver des intervenants capables d’expliquer certaines choses. « Ainsi, cette année, il a fallu renoncer à un film iranien remarquable faute d’avoir trouvé une personne capable de nous expliquer certains aspects du droit iranien », regrettait Fanette George, chargée depuis trois ans de la coordination et administration au sein de l’association Atmosphère 53, dans un entretien accordé au Glob-journal le jeudi 22 octobre dernier.

Le choix des films s’effectue au sein d’un comité de pilotage et de programmation, composé d’un représentant de chacune des structures partenaires. Parfois, les distributeurs eux-mêmes démarchent le comité, en lien avec  les salles de projection. Le caractère inédit du film est privilégié à des œuvres déjà diffusées en Mayenne. « Mais nous n’écartons pas les « classiques ». La seule limite est la propriété des droits de diffusion. Sans eux, impossible de projeter » poursuit Fanette George. Et une autre difficulté gène la projection d’œuvres plus anciennes : l’évolution technologique. Car hors le support numérique, point de salut ! Les projecteurs de bobines n’existent plus et les films sur pellicules, sans numérisation, sont voués à disparaître des catalogues.

A la fin de cette sélection du comité, il ne reste que quatre titres films ou documentaires qui pourront être présenté aux Festival. Cela fera l’objet d’un prochain article ◼


Investigations, analyses et opinions – Lire ce qu’on ne lit pas ailleurs en Mayenne


Comme Marrie et d’autres contributeurs, vous voulez écrire ?

Écrivez un article et rejoignez la communauté leglob-journal. Envoyez votre production à redaction@leglob-journal.fr

Laisser un commentaire