Un consortium de journalistes d’investigation rĂ©vèle que 37 des 50 plus riches familles françaises, et la bagatelle de 279 milliardaires apparaissant dans le classement du magazine Ă©conomique amĂ©ricain Forbes ont, dans le Grand-DuchĂ© du Luxembourg au moins une sociĂ©tĂ© offshore. « La moitiĂ© des quelque 17 000 sociĂ©tĂ©s luxembourgeoises que nous avons pu relier Ă des propriĂ©taires français ont Ă©tĂ© crĂ©Ă©es rĂ©cemment, après le scandale fiscal des « LuxLeaks » de 2014 » selon le Monde. Ce territoire d’un peu plus de 2 580 km2 figure bien dans ce que des chercheurs ont qualifiĂ© de « top 5 mondial des paradis fiscaux ». Une rĂ©vĂ©lation-confirmation qui a inspirĂ© cette tribune d’Henri Boudin.
Reconnaissons-le : il s’agit bien d’un paradis fiscal
Par Henri Boudin
Tout permet de démontrer que ce petit état fondateur de l’Union Européenne en 1951 mérite sa place dans le top des paradis fiscaux. Et pourtant il n’est pas reconnu comme tel par la commission européenne ni par la France. Cette hypocrisie est terrible, car c’est un paradis fiscal de proximité très nocif pour nous.
Les chiffres publiés par Le Monde sont éloquents : il y a plus de « 140 000 entités (sociétés, fondations, fonds) immatriculées au Luxembourg« , soit une pour quatre habitants.
Près de la moitié de ces sociétés sont offshore avec une valeur cumulée de « 6 500 milliards d’euros » : ces structures sont propriétés de non-résidents et n’exercent aucune activité économique, elles ont pour unique but l’évasion fiscale par les moyens légaux.
La moitié des « structures » reste à identifier, après un an de compulsation des immenses bases de données. Beaucoup de ceux inscrits au registre du commerce ne sont que des prête-noms. Il n’y a que 59 salariés au registre du commerce pour des dizaines de milliers de sociétés. Certaines sociétés se contentent d’avoir une simple boîte aux lettres. Dans le même immeuble, il y a au moins 1 800 entreprises qui ont un siège social.
Le profil des bénéficiaires identifiés reste très divers : de grands sportifs comme Ronaldo, la chanteuse Shakira, le prince héritier d’Arabie saoudite, les mafias italiennes et russes, la ligue du nord (parti d’extrême droite d’Italie), des centaines de multinationales : J.C.Devaux, Décathlon, Hermès, LVMH, Kering, Yves Rocher, KFC, Amazon… Cela confirme que l’évasion fiscale est un sport de riches puisque 37 des plus grandes fortunes de France y ont un compte offshore, preuve que l’évasion fiscale est systématique, mais on ne parle que du Luxembourg.
Se soustraire Ă la rigueur
Parmi les Français identifiés nous relevons aussi des biens de grande valeur : un château francilien détenu par un prince saoudien, un vignoble dans le Var appartenant à Angelina Jolie et Brad Pitt, une liste sans fin de villas sur la côte d’Azur et de cossus appartements parisiens…
Au cours des dernières années, ce sont les propriétaires des sociétés offshore qui ont le plus bénéficié de la politique fiscale du gouvernement actuel.
Et maintenant l’exécutif prépare déjà les esprits à l’idée qu’il va falloir se serrer la ceinture : réduire les dettes, sabrer dans les services publics, taper sur le chômage et la protection sociale sans faire payer par l’impôt les plus riches et les multinationales. » ◼