Le président Macron, la France et la gueule du loup 🔓

Un bureau de vote pour les législatives

Éditorial


Par Thomas H.


Fallait-il se jeter dans la gueule du loup ? Le Président Macron a cru en appliquant au soir du 9 juin 2024 l’Article 12 de la constitution française qu’il pouvait sortir, sinon victorieux, du moins aux commandes d’une Assemblée Nationale régénérée par ce choc de « clarification » décidé par l’arme de la dissolution. Le Président s’est tiré avec cette décision qui aurait pu attendre septembre, une balle dans le pied. Autrement dit, il s’est causé plus de tord à lui même qu’il nous a voulu du bien. Il a, par son action, entrainé avec lui tout le pays dans une situation politique qui risque d’avoir de lourdes conséquences. « En avril ne te découvre pas d’un fil… En mai fait ce qu’il te plait » . Juin restera « froid et pluvieux, et tout l’an sera grincheux » nous disent les dictons sur la météo.

Le présidant concepteur du « en même temps » s’est trompé. Le rapprochement stratégique, étape suivante de la dissolution, avec une partie des LR a échoué et le pari de la désunion des gauches vouées à rester « irréconciliables » aussi. C’est même tout le contraire qui s’est produit : on a assisté à une aspiration d’une partie de Les Républicains par un RN renforcé et à la naissance d’une coalition des gauches qui portent l’espoir d’un changement radical pour la France. Perdant sur tous les fronts, le Président est nu. Son pouvoir s’est éventé. Il est isolé. Et même dans son camps les ressentiments sont lourds de signification. Il a été En Marche !, puis il a été contraint à la Renaissance, le voilà à présent à l’arrêt.

Pourtant comme aux États-Unis avec Donald Trump, la montée de l’extrême droite en France était prévisible. Les votes bruns dans les campagnes. Les caisses de résonance des réseaux sociaux. Il ne suffisait pas de s’ériger en rempart uniquement lors des élections présidentielles pour assoir sa réélection face à la fille de Jean-Marie Le Pen. Il aurait fallu anticiper et comprendre les signes envoyés par « la France profonde« . Mesurer par exemple, réellement, que les conséquences de la volte face sur le référendum de 2005 et plus tard les Gilets Jaunes étaient le cri d’alarme d’une partie de la France parce qu’elle se sentait négligée, méprisée et déconnectée des mesures prises par l’exécutif. La prime consentie par le gouvernement a été perçue par la suite comme une obole quand il était souhaité une élévation réelle du pouvoir d’achat par la hausse des salaires. Prôner par exemple la très chère voiture électrique quand le Français vit en milieu rural loin des bornes pour la recharger et qu’il doit prendre son vieux véhicule thermique pour aller à un rendez-vous attendu depuis des mois chez le médecin, ou simplement pour aller chercher du pain parce que la boulangerie a fermé et l’école aussi, Il n’en fallait pas plus pour exacerber les ressentiments et se tourner à la longue, vers « ce qu’ on a pas essayé » … Ne fallait-il pas prendre la mesure de ce mouvement, prémisse d’une colère sourde et de régression brune.


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Avec son aimable autorisation – Législatives: tous aux abris! © Chappatte dans Le Temps, Genève

Résultat un FN devenu RN qui culmine dans les sondages. Un horizon bouché par une possible survenue de l’extrême droite à Matignon. L’émergence des démagogues autoritaires et antidémocratiques qui font pour l’heure bonne figure qui disent vouloir mettre en œuvre la défense de la démocratie libérale, du pluralisme et de la tolérance. Pouvons-nous les croire ? Alors oui il y a de quoi être en colère comme le sont bon nombre de compatriotes.

Sans doute faudra-t-il arriver à la toiletter. A rendre la gouvernance en France un peu moins monarchique. Par le biais de la Constitution de la Vème République, un seul homme au sommet de la pyramide peut en effet décider de faire chavirer un pays dans l’incertitude gouvernementale et le chaos qui pourrait survenir pendant un an. Car l’Article 12 stipule clairement qu’ « Il ne peut être procédé à une nouvelle dissolution dans l’année qui suit ces élections » .

Comment développer des politiques en fait ségrégationnistes avec un gouvernement Rassemblement National qui est loin de rassembler, qui se dit « patriote » et qui souhaite privilégier « La France et les Français d’abord » ? A ce propos, rappelons simplement ce que dit justement l’ Article 1 de la Constitution du 4 octobre 1958 toujours en vigueur : « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances. » . Qu’en sera-t-il de nos « Libertés » ? Que deviendra le beau principe de 1789 d’ « Égalité » ? Et restera-t-il encore une once de « Fraternité » dans un France divisée et morcelée ?

Il faut oser croire que nos compatriotes pourront se raviser avant de glisser leurs bulletins de vote dans l’urne. Parce que le vote aux Européennes avait pour eux valeur de sanction du macronisme et que cette fois avec les législatives il s’agit bien de construire une « société nouvelle » … La sagesse ne doit-elle pas l’emporter sur l’impulsion irréfléchie, l’illusion et le déclinisme ? Souhaitons qu’ils soit fait le choix du changement pour un « avenir meilleur » . Et que les forces de progrès soient finalement privilégiées sur celles de la déraison. ◼️


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1 thought on “Le président Macron, la France et la gueule du loup 🔓”

  1. Le dernier relevé du baromètre politique Odoxa, fait apparaître un renversement historique du « barrage républicain ». Ce n’est plus le RN, mais le Nouveau Front Populaire qui semble être la force politique la plus exposée au barrage.

    Selon ce sondage, au moment de voter, les motivations du vote pour faire barrage sont :
    – 47% contre le Nouveau Front Populaire
    – 44% contre le Gouvernement
    – 41% contre le RN

    Ce n’est donc plus le RN, mais la Gauche (ou ce qu’il en reste) qui devient le principal repoussoir.

    Voir : https://www.publicsenat.fr/actualites/politique/le-barrage-republicain-contre-le-rn-seffrite-la-gauche-principale-repoussoir-selon-notre-barometre-odoxa

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