Vie
Sophie a envoyé spontanément au Glob-journal ces mots de tous les jours qui mis bout à bout constituent un engagement à vivre passionnément, malgré tout, sa vocation d’enseignante. Avec ce texte, elle nous dit tout son désarroi face à ce qui s’est passé à Conflans-sainte-Honorine et, aussi, sa résilience à venir. Sophie que j’ai rencontrée sur le parvis de la mairie de Laval et avec qui j’ai parlé, m’adresse, et à nous tous, un message d’espoir et de continuité.
“J’ai confiance…”
Par Sophie*
“Je suis venue ce matin sur le parvis de la mairie de Laval. Ma copine Claudine était là, évidemment et je t’ai rencontré, Roland.
Tu m’as dit : “Il est joli ton bouquet” … Je t’ai répondu : Il vient de mon jardin, je voulais le déposer mais je n’ai pas osé alors je l’ai ramené à la maison et j’ai mis les roses dans un vase.
J’ai écrit ces quelques mots aussi sur une feuille blanche accrochée au bouquet : “L’éducation est l’arme la plus puissante que l’on ait à disposition pour changer le monde” – Nelson Mandela.
Je lis cette phrase deux fois par jour sur le rond point des “deux écoles” au bout de ma rue, en partant au travail et en rentrant le soir.
Je continuerai à travailler avec mes élèves sur le respect, la tolérance, la mixité, l’écoute (comme tous mes collègues). Et, j’ai confiance. L’École a de très bons enseignants et aussi énormément de bons écoliers, collégiens, lycéens, jeunes…
Au revoir Samuel ! “
*Sophie, “une simple prof.”
“L’impensable est arrivé !” – par Michel Rose
Sidération
Président de la Ligue de l’enseignement de la Mayenne, Michel Rose nous fait parvenir ce qu’il a écrit, lui, au nom de l’institution – Ligue de l’enseignement – qui a été “créée en 1866 par Jean Macé. (…) La fondation de la Ligue française de l’enseignement est particulièrement fondée à s’exprimer sur la question puisqu’elle a inspiré les lois sur l’école « gratuite, obligatoire et laïque » à la fin du XIXè siècle. Grand mouvement d’éducation populaire, “la Ligue de l’enseignement est partenaire de la vie associative, de l’école publique et dispose d’un réseau national de fédérations.”
Le mal est en l’homme, il est partout sur cette Terre !
Par Michel Rose*
Effroi et sidération. Il s’appelait Samuel Paty, il s’appelait Abdoullakh Anzorov. L’un était professeur, l’autre jeune tchetchène réfugié en France. L’un avait 47 ans, l’autre 18 ans. L’un pouvait être le père, l’autre le fils. Ils ne se connaissaient vraisemblablement pas.
Par quelle folie, l’autre a pu commettre l’abominable crime qui a emporté la vie de Samuel Paty ? Abominable crime qui nous a sidéré, tétanisé, frigorifié d’effroi.
Nous faut-il désespérer de croire en l’Humain, en son humanité supposée, en son intelligence et sa sagesse (Homo sapiens) à la vue de cet acte odieux qui nous a bouleversé, qui a bouleversé nos consciences et nos cœurs ?
Pourquoi ?
Par-delà les faits, par-delà cet assassinat d’un professeur, par-delà cette attaque à portée symbolique de l’école de la République et donc du savoir et du respect qu’engendre cette institution, oui par-delà l’émotion et les nombreux discours nous ne pouvons évacuer la question qui nous taraude l’esprit : pourquoi ?
Oui, pourquoi ce jeune homme de 18 ans a-t-il pu commettre un tel acte de violence et de haine ? Par quelle démarche intellectuelle a-t-il pu en arriver à une telle extrémité ?
Les mêmes questions qui ont émergé après les attaques terroristes de mars 2012 à Toulouse et Montauban, de janvier et de novembre 2015 à Paris. Et au-delà de notre espace et de notre temps, de notre territoire et de notre époque, comment des hommes ont-ils pu massacrer, gazer, assassiner d’autres hommes parce qu’ils étaient juifs, tziganes, homosexuels en Europe, cambodgiens en Asie, Tutsi en Afrique ?
Le mal est en l’homme, il n’a pas de territoire privilégié, il est partout sur cette Terre ! Ce mal il nous faut le nommer et le combattre par la raison, par la loi, par l’intelligence collective.
Par la raison, le savoir, la science, l’Ecole, l’Education. Par la loi, l’ordre et la justice. Par l’intelligence collective, par la promotion et la défense des valeurs universelles liées aux droits humains intangibles et non négociables.
On ne naît pas terroriste islamiste, on le devient
Le XXI ème siècle a vu émerger une nouvelle idéologie de haine à partir d’une déviance religieuse pour qui la fin justifie tous les moyens, dont des assassinats ciblés.
Car au-delà de l’acte individuel de celui qui commet le crime, il faut remonter le cours de la construction intellectuelle de cet acte. Qui a mis le couteau, le hachoir, la kalachnikov entre les mains des assassins ? On ne nait pas terroriste islamiste, on le devient.
Les gouvernants des pays qui subissent ces attaques terroristes ont le devoir de protéger leurs citoyens, tous leurs citoyens. Il n’est plus possible d’être faible ou de nous montrer conciliant face à des adversaires qui nous méprisent et nous haïssent, ici en France, en Europe mais aussi ailleurs dans le Monde.
A nous de savoir affirmer nos valeurs universalistes, à nous de savoir dire que le savoir s’impose à la croyance et que la loi républicaine s’impose au dogme religieux.
A nous de promouvoir et de défendre la Laïcité à la française, notre bien commun qui complète le triptyque républicain et qui est la condition même pour qu’en nous respectant les uns les autres nous puissions “Faire Société”. Enfin, assez des paroles et des discours de haine sur les réseaux dits sociaux ! C’est intolérable, inacceptable, révoltant, profondément asocial !
Puissions-nous faire bloc, par-delà nos engagements individuels, pour non seulement dire, mais nous donner les moyens de combattre celles et ceux qui veulent affaiblir la République en s’attaquant à l’Ecole, à ses enseignants, à la Laïcité et à la liberté d’expression.
*Michel Rose est président de la Ligue de l’enseignement en Mayenne
En 2002, l’année de naissance de l’assassin de Samuel Paty, l’historien Georges Bensoussan, sous le pseudonyme d’Emmanuel Brenner, coordonnait l’ouvrage collectif “Les territoires perdus de la République”. La violence en milieu scolaire, la propagande islamiste, tout y était. Personne n’a tenu compte des faits rapportés, lesquels ressurgissent aujourd’hui plus que jamais.
Aujourd’hui, la parole d’enseignants se libère sur la situation qu’ils vivent au quotidien : leur autorité non respectée, le contenu de leur enseignement remis en cause par des élèves, la pression de certains parents,…
Les partis et médias de gauche qui se sont fourvoyés dans l’islamo-gauchisme en appelant à participer à la manifestation du 10 novembre 2019 à l’appel du CCIF contre l’islamophobie, néologisme inventé par les islamistes pour assimiler à du racisme la critique de la religion musulmane, ont légitimé ceux qui veulent abattre la République. Ces mêmes qui défilaient dimanche dernier place de la République à Paris donnaient un côté bal des hypocrites à cette manifestation. Et pour se racheter il mettent en cause les tchétchènes !
Pour prolonger ces 2 billets, il est à craindre que le meurtre de Samuel Paty ne conduise pas aux mesures qui s’imposent après trente ans de laisser-faire. La légitime émotion des hommages risquent encore de recouvrir notre colère. L’horreur de ce crime islamiste fera taire quelques instants les «oui, mais…», tant entendus en 2015 après Charlie hebdo et le Bataclan.