Place du 11 novembre à Laval : bien difficile de faire consensus 🔓

La place du 11 novembre vue de dessus

Un conseil extraordinaire a été entièrement dédié au projet de la Place du 11 novembre à Laval, « cœur de ville » et centre nerveux de la campagne des élections municipales de 2020 qui a vu la victoire de la gauche. Craintes et interrogations ont surgi lors de la séance. L’opposition a regretté ne pas pouvoir voter et les nombteux commerçants après le conseil ont donné de la voix…


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La communication de la ville de Laval – © Municipalité de Laval

« Une place du végétal importante – La voiture ne sera pas absente de cette place et des diagonales feront le lien entre la ville moderne et la vieille ville » voilà comment Bruno Bertier a résumé ce projet. Une place qui selon le maire Florian Bercault « ne pouvait pas rester en l’état… (…) c’est un projet de cœur de ville et même de cœur de vie… (…) a-t-il déclaré en préambule. On s’est beaucoup posé de questions depuis deux ans et on va entrer, on le sait dans une zone de turbulences. On se fera engueuler s’il le faut, on le sait mais nous continuerons à apporter des réponses aux questions. Nous savons que nous ne sommes pas forcément tous alignés sur la ligne départ, mais vous verrez qu’en 2025 on sera tous d’accord sur cette place du 11 Novembre« 


Une place du végétal dans le siècle


Pour celui qui a été présenté comme le chef de projet, Bruno Bertier le premier adjoint du maire de Laval : « Il s’agit d’un projet réfléchi et abouti qui prépare l’avenir et les 50 années à venir… Ce qu’on vous présente ce soir c’est le fruit de l’intérêt général. Ce n’est pas un projet pour faire plaisir à une équipe municipale, nous avons poursuivi ce projet que l’équipe précédente avait mis sur le tapis et nous l’avons continué pour trois raisons : des raisons environnementales, économiques et bien vivre ensemble. »

« Laval est la seule ville préfecture sur la région qui n’a pas encore ce genre de structure. Nous sommes en retard. Si on ne prépare pas notre ville à ce défi environnemental nous allons vers de graves problèmes… Avec des situations de canicule et des inondations. C’est la place du végétal. Le centre ville doit se réinventer même s’il se porte bien à Laval. Le centre-ville a perdu plus de 600 habitants et une grande partie des familles a déserté le centre-ville. Ce sera une place de la convivialité vous verrez… où il fera bon vivre.« 


Des « Halles gourmandes dans un lit de verdure »


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Les nouvelles « halles gourmandes » sur la place – Crédit Agence Pyralis -SABH Architecte

« Modifier le sens de circulation, a développé Bruno Bertier, on aurait pu ne pas s’en occuper et laisser aux autres le soin de le faire mais nous sommes en responsabilité… On a fait le choix d’aller vers un plan transitoire à partir du 7 novembre 2022 pour circuler autour de la place, un plan qui n’est pas expérimental mais préfigure le futur plan de circulation. On va vers plus de mobilité douce, on va décentrer la place de la voiture mais cela ne veut pas dire qu’on va la supprimer complètement. On gardera 1600 places de parking en centre ville. La place sera véritablement apaisée, sans vélo ni pistes pour la dédier aux piétons. » « La question de la gestion et de la présence de l’eau avec un fil d’eau, a été très importante en matière de végétalisation » a expliqué l’adjointe Isabelle Eymon.


Un plan de circulation « à revoir »


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La place du11 novembre et le projet de circulation – © Municipalité de Laval

Didier Pillon a regretté que la minorité ait été mise devant le fait accompli et qu’elle ait appris au dernier moment le contenu de ce projet… « On prend connaissance ce soir de cette belle opération de communication mais nous ne ferons pas de vote. J’ai peur qu’on soit devant une publicité qui serait à défaut d’être mensongère en tout cas trop séduisante. Je doute qu’on puisse tenir dans l’enveloppe avancée avec l’inflation et les coûts des matériaux. Sur le plan de circulation, on ne semble pas faciliter l’accès aux commerces de la place de la Trémoille…

Nous ne sommes pas dans la concertation, et je trouve que cette gestion de la concertation n’est pas à la hauteur des lavallois. Il faut accepter de recevoir les critiques pour amender le projet. Le stationnement, là aussi c’est de la com’. On peut dire beaucoup de choses, mais encore une fois cela ne sert à rien car il n’y aura pas de vote ce soir…« 

« Il n’y a pas de projet sans financement a développé Antoine Caplan qui a répondu à Didier Pillon. L’adjoint aux fiances a donné des informations concernant le coût du projet. Les Halles couteront 5, 557 M€ et la rénovation des espaces publics 9,085 M€, avec un reste à charge pour la ville de plus de 4M€. Les fouilles archéologiques qui vont démarrer en 2023 auront couté 1,5 M€. Pour accompagner le projet en terme de communication, la ville va débourser 2,65 M€. Pour les commerçants qui auraient à souffrir des désagréments, une enveloppe est provisionnée à hauteur de 550 000 €. Au final 9,22 M€, ce sera le reste à charge pour la ville. Un emprunt a été contracté avec la Caisse des dépôts à hauteur de 2 M€ et nos réserves sont suffisantes. » a-t-il ajouté.


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Des exemples de systèmes urbains en lien avec les végétaux – © Municipalité de Laval

Samia Soultani, silencieuse jusque-là a demandé la parole : « ce que j’observe aujourd’hui, c’est qu’on isole cette place du 11 Novembre de tout le monde… C’est une île isolée. Pour moi, c’est un projet qui doit être fédérateur et il faut revenir sur cette décision de ne pas pouvoir laisser les voitures aller comme avant à la place de la Trémoille. Bien sur qu’on le porte ce projet mais il faut un plan de circulation censé. « C’est mentir de dire que vous n’avez pas été mis au courant, a objecté le maire à Didier Pillon, cela fait deux ans que nous votons autour de ce projet. En fin de séance, il a proposé « un comité de suivi concernant le plan de circulation en lien avec les commerçants » qui étaient très nombreux dans la salle et se sont exprimés (cf ci-dessous).

C’est un projet de continuité républicaine« , a rappelé Bruno Bertier « Monsieur Pillon, nous avons besoin de tous les élus du conseil municipal car c’est un projet qui se fera sur un seul mandat pour une livraison en Juin 2025… » ◼


La grogne commerçante pour 20 mètres de rues

Après le conseil municipal, clos officiellement par le maire Florian Bercault, la parole a été donnée aux commerçants présents qui ont dressé un réquisitoire assez sévère sur les actions de la municipalité concernant cette place du 11 novembre, demandant comment il va être possible de travailler avec un plan de circulation qui va démarrer début novembre juste avant les fêtes de fin d’année… La crainte de la baisse du chiffre d’affaires et de mettre la clé sous la porte ont été évoqués. Les personnes présentes ont demandé de revenir sur certains aspects du plan de circulation et notamment sur « 20 mètres de rues » qui semblent « poser tant problèmes » et catalyse la grogne pour l’accès à la Place de la Trémoille. Selon Geoffrey Begon l’adjoint aux mobilités, il n’y aurait pas d’autres alternatives : « On est obligé de privilégier ce sens de circulation, c’est purement technique et on est obligé de le faire sauf à engorger toute la place... ». Ce qu’a confirmé un agent de la ville présent, en évoquant les flux de circulation et la paralysie qui en résulterait si l’on modifiait le plan.

« On a tout fait mal ? a lancé le maire un peu excédé après l’intervention d’une commerçante qui lisait son texte, mais vous oubliez les Tickets commerçants durant le Covid, les terrasses, etc. mais tout ça c’est pour apporter de l’attractivité …  » « Ce projet n’est pas contre le commerce » a conclu le premier adjoint. Nous sommes modestes et je ne sais pas si cela va marcher, mais qu’est-ce qu’on fait maintenant, on avance ou on recule ? Prochaine étape : les fouilles archéologiques au premier semestre 2023. Et une nouvelle place à l’été 2025… ◼


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