Première retombĂ©e du rapport de la chambre rĂ©gionale des comptes des Pays de la Loire du 22 novembre 2022, rendu public jeudi 15 dĂ©cembre en sĂ©ance publique du conseil dĂ©partemental, un signalement a officiellement Ă©tĂ© fait Ă l’association Anticor par le mouvement de La France Insoumise en Mayenne.
Par leglob-journal.fr
La France Insoumise (LFI) de la Mayenne a engagĂ© un signalement officiel auprès d’Anticor ; elle devrait « avoir des nouvelles Ă prĂ©sent d’Anticor 44 Ă la mi janvier » avance Marion Detais. En Mayenne, il n’existe plus de rĂ©fĂ©rent de l’association ; il y en a bien eu un, mais il n’est restĂ© en poste que pendant moins d’un an de mai 2020 Ă mars 2021.
LFI s’est « rĂ©unie en fin de semaine dernière et a dĂ©cidĂ© avec l’accord du service juridique du mouvement » de mettre en place cette action portant Ă la connaissance d’Anticor le rapport de la chambre rĂ©gionale des comptes pour que finalement « il ne reste pas lettre morte… » ou qu’ « il ne fasse pas pschitt » .
La saisine est inĂ©dite en Mayenne, – c’est la première en tous cas -, et rĂ©pond de façon incidente aux interrogations de celles et ceux qui pendant la session – oĂą a Ă©tĂ© prĂ©sentĂ© comme l’oblige la loi le travail des magistrats – ne savaient pas qu’elles seraient les suites au rapport de la chambre.
« Stop aux projets riches et fous, avance LFI en guise de titre pour son communiquĂ© et dĂ©veloppe ensuite : « Nous dĂ©nonçons une politique de la communication commerciale au service des proches de Mr Olivier Richefou et au dĂ©triment de l’intĂ©rĂŞt gĂ©nĂ©ral, par la pratique interdite du « saucissonnage » des devis, un manque de transparence et un dĂ©ni dĂ©mocratique Ă©vident. » argumente LFI qui s’appuie sur le rapport de la chambre rĂ©gionale des comptes d’une centaine de pages pour Ă©tayer son signalement auprès de l’association « anticorruption agrĂ©Ă©e par le Premier ministre pour l’exercice des droits de la partie civile » .
La France Insoumise 53 a lu le rapport de la chambre et Ă©crit que « Des suspicions de conflit d’intĂ©rĂŞts sont Ă©galement pointĂ©s Ă plusieurs reprises entre Olivier Richefou, l’ancien directeur de la communication du conseil dĂ©partemental et Samuel Tual prĂ©sident du groupe Actual et prĂ©sident du MEDEF Pays de La Loire. MalgrĂ© la demande du rĂ©fĂ©rent dĂ©ontologue du conseil dĂ©partemental de saisir la Haute autoritĂ© pour la transparence de la vie publique, Mr Richefou a refusĂ© ; la chambre relève que cette saisine Ă©tait obligatoire, son abstention est irrĂ©gulière. De plus, cinq prestataires, financĂ©s par le budget communication, ont perçu 949 940€ sans procĂ©dure de marchĂ©s publics. Des irrĂ©gularitĂ©s dans le parrainage du bateau de Maxime Sorel sont Ă©galement dĂ©voilĂ©es dont deux contrats signĂ©s en 2019 et 2021 sans publicitĂ© et sans mise en concurrence.«Â
Questions de justice
Devant un tel rapport sur la gestion d’un prĂ©sident qui n’est pas un nĂ©ophyte ni un Ă©lu fraichement nommĂ© ce qui peut exclure les fautes de jeunesse, quels seront les autres actions possibles ? « Le procureur de la RĂ©publique de Laval peut naturellement s’autosaisir selon Kevin Gernier de Transparency International que leglob-journal a interrogĂ©, et ce au titre de l’article 40 du code de procĂ©dure pĂ©nale » qui stipule que « Toute autoritĂ© constituĂ©e, tout officier public ou fonctionnaire qui, dans l’exercice de ses fonctions, acquiert la connaissance d’un crime ou d’un dĂ©lit est tenu d’en donner avis sans dĂ©lai au procureur de la RĂ©publique […] « .
Il reste encore la possibilitĂ© Ă n’importe quel-le Mayennais-e qui le dĂ©sire de faire un signalement au Parquet de son ressort pour peu qu’il ou elle fasse un travail minimum de rĂ©daction … et dans ce cas prĂ©cis, il est possible de s’appuyer sur les Ă©crits des deux magistrates de la chambre rĂ©gionale des comptes des Pays de la Loire qui ont agi en toute indĂ©pendance et donnent du grain Ă moudre. Reste que la plainte simple peut ĂŞtre soumise au concept juridique bien connu qu’est l’  »opportunitĂ© des poursuites » qui laisse au procureur-e toute l’attitude pour poursuivre et faire vivre l’instruction du dossier. Ou pas.
Le signalement fait Ă Anticor, association « anticorruption agrĂ©Ă©e par le Premier ministre » ouvre des droits Ă la partie civile en lui garantissant donc que le dossier d’instruction sera bien ouvert, avec la nomination d’un juge en charge de l’instruire et de dĂ©terminer si il y a prise illĂ©gale d’intĂ©rĂŞts, et/ou conflit d’intĂ©rĂŞts comme l’a laissĂ© entendre la chambre rĂ©gionale des comptes quand elle Ă©voque la profession d’avocat exercĂ©e Ă l’Ă©poque par le prĂ©sident Richefou et quand elle Ă©crit « il s’agit de faits susceptibles de conflits d’intĂ©rĂŞts« . â—Ľ
3 remarques.
-Anticor n’a pas forcĂ©ment les moyens humains et matĂ©riels pour se lancer dans toutes les procĂ©dures, potentiellement nombreuses relevant de ses compĂ©tences.
– L’article 40 prĂ©cise que « tout fonctionnaire doit porter Ă la connaissance (…) etc. » . Mais aucune sanction n’est prĂ©vue dans cet article 40 pour le ou les fonctionnaires omettant de faire de tels signalements
– Les faits citĂ©s dans le rapport de la CDR semblent relever des compĂ©tences du Parquet National Financier qui peut s’auto-saisir s’il est informĂ© de ces faits. Les atteintes Ă la probitĂ© (corruption, trafic d’influence, favoritisme, etc.) font partie de ces compĂ©tences.