Histoire – En 1907, le vicaire de Saint-Calais-du-Désert laissait venir à lui les petits enfants 🔓

Une UNe de l'avenir de la Mayenne

C’est sous le titre « Le vicaire de Saint-Calais – L’enquête » que L’avenir de la Mayenne, daté du 8 septembre 1907, relate ce qui met en émoi le village de Saint-Calais-du-Désert et par la même toute la Mayenne. Il s’agit dans ce « fait-divers » du remplaçant du curé, le vicaire, prêtre lui-même qui s’adonne selon l’hebdomadaire à des pratiques qui relèvent aujourd’hui de ce qu’on appelle la pédophilie. Au sortir de la mise en place en 1905 de la tumultueuse Loi sur la séparation des Eglises et de l’Etat, la France – la Mayenne un peu moins – est vent debout face au pouvoir de l’Eglise qu’il faut limiter. Et certains journaux, comme L’avenir de la Mayenne qui se déclarait « républicain » relatent les dérives de représentants du clergé en parlant à cette époque d’attentats.

Pédophilie et silence

Par L’avenir de la Mayenne*


Le parquet de Mayenne s’est de nouveau transporté à Saint-Calais-du Désert, mardi dernier [1907]. Tous les enfants qui ont suivi le catéchisme ont été interrogés. Maintenant que la réalité des attentats ne fait plus de doute, à l’étonnement succède la colère, et l’indignation des parents grandit chaque jour. Une pétition a même circulé dans le bourg pour demander le changement du curé, que la population rend en partie responsable de la fuite de son vicaire. Cette pétition a été couverte de signatures.

Une mère traduit ainsi son mécontentement : « Lorsque la fièvre aphteuse ou cocotte sévit dans nos étables, nous faisons tout pour enrayer le mal dès qu’il nous est dénoncé ; du reste, les autorités y tiennent la main et donnent toute la publicité nécessaire. Le mal fait par le vicaire de Saint-Calais est bien plus grand : on devait donc le livrer sans pitié à la justice, car partout où il ira, il étendra ses ravages, comme un pestiféré. »

Une autre brave femme déclare qu’après plusieurs nuits d’insomnie, elle se décida à faire connaître au curé les actes odieux commis par son vicaire, et que celui-ci, trois jours après ces révélations, officiait encore dans l’église même, qu’il avait choisie pour commettre ses infamies. Une troisième fait connaître ce détail pénible : « lorsque les enfants de la paroisse se querellent entre eux, ils se reprochent maintenant les pratiques ignobles auxquelles le vicaire les a initiés. Il y a là de quoi rendre fiers ceux qui ont favorisé la fuite du coupable. »

« Des instincts bien connus de ses supérieurs »

Nous recevons de Montourtier une lettre qui nous donne des renseignements sur les antécédents du vicaire de Saint-Calais-du-Désert. L’abbé X… fut élève et professeur à l’Immaculée-Conception. De là, il passa comme professeur à Saint-Michel, le collège congréganiste de Château-Gontier. Il y resta un an environ et le quitta, on ne sait pour quel motif. De là, il fut envoyé comme vicaire à Montourtier, où il fit, à peu de chose près, ce qu’il a fait à Saint-Calais-du-Désert.

L’appel à la Une de L’Avenir de la Mayenne – source Retronews

L’autorité ecclésiastique, prévenue, le retira de Montourtier, et lui imposa comme pénitence deux mois de séjour à la Trappe. Plus tard, il fut encore envoyé dans une paroisse des environs d’Evron pour suppléer un curé malade, et, finalement, n’ayant donné lieu à aucunes plaintes dans cette dernière résidence, il fut nommé vicaire à Saint-Calais-du-Désert. Les instincts de l’abbé X… étaient donc bien connus de ses supérieurs, et l’on s’étonne, d’abord, qu’on lui ait fourni l’occasion de commettre de nouveaux méfaits, et ensuite, qu’on ait tant hésité à ajouter foi aux accusations portées contre lui par les habitants de Saint-Calais-du-Désert. Qui a bu boira, dit le proverbe. Enfin, on nous assure que le fugitif appartenait à l’ordre des Pères de Pontigey, qui, depuis leur expulsion, sont installés en Belgique. »


*L’hebdomadaire L’avenir de la Mayenne a été publié du 6 novembre 1878 au 4 septembre 1932 à Laval. Le journal a sorti au total 5234 numéros. Ses sujets de prédilection auront été la politique, la littérature, le commerce et l’agriculture. (source Retronews)


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