Quadruplette
En Pays de la Loire, quatre tĂȘtes de listes au second tour pour une assemblĂ©e en quĂȘte d’une majoritĂ©
Par Thomas H.
« Les Ă©lections, ce n’est pas de l’arithmĂ©tique, c’est de la dynamique« … expliquait Ă la tĂ©lĂ© rĂ©gionale, Franck Louvrier, le maire de La Baule et ex-conseiller de Nicolas Sarkozy… Ce n’est pas tout Ă fait vrai, tĂ©moin le trop petit taux de participation Ă ce scrutin local – pas vraiment une « dynamique » – scrutin qui consiste rappelons-le Ă voter pour des candidats qui doivent dĂ©cider de politiques de proximitĂ© – deux Ă©lecteurs sur trois ne sont pas aller voter. Il faut y voir un fantastique indicateur de dĂ©fiance dans la politique et de l’Ă©loignement des Français. C’est vrai : « C’est un terrible sĂ©isme politique » comme l’a commentĂ© Matthieu Orphelin (EELV).
Quand on se projette pour le second tour des RĂ©gionales mais aussi des DĂ©partementales, car il y aura un second tour dans tous les cantons, c’est l’envie de compter avec l’arithmĂ©tique. Mais il va falloir trouver une dynamique de report des voix. Et attendre mardi soir, date limite de dĂ©pĂŽt de listes, pour savoir qui sera prĂ©sent au second tour.
En Pays de la Loire, le scrutin donne une avance Ă la prĂ©sidente sortante (LR) Christelle Morançais. Celle que finalement l’Ă©lecteur reconnaĂźt. C’est ce qu’on appelle la prime aux sortants. La voilĂ crĂ©ditĂ©e, aux alentours de 34% selon des estimations d’un sondage aux sorties des urnes. Jouant l’humilitĂ©, elle a avouĂ© : « J’irai dĂšs demain sur le terrain, car rien n’est gagné » apparaissant tout sourire Ă la tĂ©lĂ©, forte de ce score, rĂ©ussissant ainsi sa premiĂšre campagne Ă©lectorale en solo, mĂȘme si elle a tardĂ© Ă dire qu’elle repartait.
Ce n’Ă©tait pas aussi simple qu’en 2015. La diffĂ©rence, c’est la prĂ©sence de ce nouveau parti qui a pulvĂ©risĂ© le paysage politique français, Ă savoir la RĂ©publique en Marche. Il n’empĂȘche que cela va ĂȘtre difficile pour elle. Sans rĂ©servoir. Car oĂč ira-t-elle prendre la « dynamique » des voix qui lui sera nĂ©cessaire si elle veut s’assoir Ă nouveau dans le fauteuil de l’HĂŽtel de RĂ©gion Ă Nantes? D’autant que « Ma liste sera la mĂȘme qu’au premier tour » a-t-elle lancĂ© face au journaliste qui l’interrogeait balayant, comme elle l’avait dĂ©jĂ laissĂ© entendre Ă plusieurs reprises, le rapprochement possible avec un François de Rugy (LREM) arrivĂ© en 5Ăšme position – une gifle – pour celui qui dĂ©cide de se maintenir. « Quoiqu’il en coĂ»te« …
« C’est une dĂ©ception pour la majoritĂ© prĂ©sidentielle […] a analysĂ© François De Rugy et nous voulons tempĂ©rer les excĂšs de la majoritĂ© quelle qu’elle soit [celle qui siĂšgera] » a-t-il dit en direct de Nantes. C’est donc un risque qu’il prend, en se maintenant. Mais pouvait-il faire autrement? il avait dit qu’il serait prĂ©sent au second tour. Pour la prĂ©sidente sortante, il faudra qu’elle fasse plus que de convaincre, qu’elle arrive Ă crĂ©er, lĂ aussi, une vĂ©ritable « dynamique« .
Une quadrangulaire
Force est donc de constater, comme l’avait prĂ©dit leglob-journal que c’est une quadrangulaire qui sera proposĂ©e pour le second tour (Lire ici). Les deux listes de gauche-Ă©cologique, celle de Matthieu Orphelin (EELV-LFI) et celle de Guillaume Garot (PS et alliĂ©s) fusionnent. On s’y attendait. C’Ă©tait annoncĂ©. Le premier fort de son score, de prĂšs de 19 points, qui le donne en avance sur l’ancien ministre crĂ©ditĂ© de 17% l’a dit, avec joie, depuis son PC Ă Nantes : « Une mĂȘme Ă©quipe, dĂšs ce soir, et demain nous serons ensemble pour aller chercher la victoire. Rien n’est jouĂ©, a ajoutĂ© Matthieu Orphelin, mais nous serons lĂ pour que le peuple de gauche puisse amplifier la dynamique que nous vivons depuis 9 mois. » Quant Ă Guillaume Garot il a estimĂ©, un peu déçu d’ĂȘtre arrivĂ© en second, qu’il se ralliait Ă la fusion : « Nous avons cette volontĂ© commune, partagĂ©e et forte… » Notons ce revirement de la part de ce dernier qui a dĂ©clarĂ©, sans hĂ©sitĂ© face Ă la camĂ©ra au soir du premier tour « ne pas avoir d’adversaire Ă gauche » alors qu’il avait fustiger le tandem EELV-LFI en lançant Ă Matthieu Orphelin : « Moi je ne veux pas que ce soit lâEtat-major de Jean-Luc MĂ©lenchon […] qui apporte les quelques pour cent qui aujourdâhui dans les sondages font la diffĂ©rence entre la liste de Matthieu Orphelin et la mienne ». Une attaque contre la France insoumise que Guillaume Garot ne semble pas franchement porter dans son cĆur.
A Laval, selon Florian Bercault « 45% des lavallois auraient votĂ© pour Guillaume Garot, analyse le maire de cette ville gagnĂ© Ă la droite de François Zocchetto. La gauche rassemblĂ©e, c’est de bon augure pour le second tour et faire basculer la RĂ©gion tenue par une droite sĂ©curitaire et qui a zĂ©ro idĂ©e […] »
Quant au RN, il fait dix points de moins que son collĂšgue du Front national Pascal Gannat en 2015. Dix points que peut-ĂȘtre Christelle Morançais a gagnĂ©… L’abstention a jouĂ© contre son parti, rappelons que le Front national a toujours trouver ses voix dans le rejet et le vote sanction des politiques des sortants. Cette fois, c’est HervĂ© Juvin lui-mĂȘme le reprĂ©sentant de ce vote sanction qui a Ă©tĂ© sanctionnĂ©.
Reste cette abstention terrible. Actrice d’un chamboule-tout politique. Car rappelons-le, sept Ă©lecteurs sur dix ne sont pas aller voter cassant le bon ordonnancement de ces Ă©lections conduites avec des rĂšgles Ă©lectorales compliquĂ©es pour les Ă©lecteurs. Une situation – du jamais vu sous la Veme RĂ©publique- qui en dit long sur le dĂ©calage entre les politiques menĂ©es et ceux qui les reçoivent. Une pĂ©nurie de confiance qui semble perdurer dans les Ă©lites politiques, qui enlĂšve de fait, il faut bien l’admettre, un peu de lĂ©gitimitĂ© aux Ă©lus. Surtout aux sortants qui n’ont pas Ă©tĂ© placĂ© en tĂȘte et qui ont tous pour la plupart regrettĂ© publiquement de devoir aller faire un tour de piste supplĂ©mentaire au second tour. Comme par le passĂ©. Et puis, il faut bien en avoir conscience, une dĂ©mocratie sans Ă©lecteurs, ce n’est plus vraiment, l’image de ce que doit ĂȘtre la dĂ©mocratie.
A noter que Mme Morançais vient d’obtenir le soutien de Mme Bayle de JessĂ© (Debout la France), un parti qui avait soutenu Marine Le Pen au second tour des prĂ©sidentielles en 2017 ! Un (petit) renfort mais trĂšs marquĂ© Ă droite qui n’est pas commentĂ© !
Sinon, les rĂ©sultats dĂ©finitifs du 1er tour : Matthieu Orphelin (Ecologie Ensemble) obtient 18,70 %, Guillaume Garot : 16,31 %…