Le savant montage autour du bateau de Maxime Sorel – Par leglob-journal 🔓

L'Everest Par shrimpo1967 — originally posted to Flickr as Bhutan Card 02 085, CC BY-SA 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=4496617
L’Everest – © shrimpo1967

On le sait, le prochain projet, l’ascension de l’Everest d’avril Ă  mai 2023, du sportif Maxime Sorel, 36 ans, sera parrainĂ© par le conseil dĂ©partemental de la Mayenne. Rien ne freine donc les ardeurs de ceux qui semblent faire fi des remarques officielles. Ni non plus de ceux qui trouvent des oreilles bienveillantes. La gauche a dĂ©noncĂ© ce qu’elle appelle « une fuite en avant de la politique d’attractivitĂ©. » La chambre rĂ©gionale des comptes, dans son rapport, avait pointĂ© sans le dire expressĂ©ment, une sorte d’ « écosystème » autour du bateau de Maxime Sorel et sans trop rentrer dans les dĂ©tails. Leglob-journal.fr, le fait …


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Le « sponsoring nautique », ce mĂ©cĂ©nat sportif n’est pas toujours ce que l’on croit, Ă  savoir, donner de l’argent en Ă©change d’un peu d’espace sur la coque ou la voile du bateau. Non. Il s’agit de mettre en place un vĂ©ritable contrat entre le sportif et son financeur. Avec le navigateur Maxime Sorel, le conseil dĂ©partemental de la Mayenne et son soutien financier historique, le nĂ©gociant-commerçant d’alcools, vins et spiritueux V and B, il existerait tout un « écosystème » juridico-financier qui ne se contenterait pas de placer une image publicitaire mais envisagerait le sponsoring comme une occasion financière de placement, un outil d’ « optimisation fiscale ». Nous serions bien loin de certaines valeurs du sport.

Olivier Richefou donne l’impression de continuer sur sa lancĂ©e… Le prĂ©sident du conseil dĂ©partemental a en effet annoncĂ© en dĂ©but d’annĂ©e que sa collectivitĂ© allait s’associer Ă  cette nouvelle aventure signĂ©e Maxime Sorel avec un soutien de l’ordre de Â« 30 000 € Ă  50 000 € » selon le montant annoncĂ© par le quotidien rĂ©gional. Le Breton de Cancale, rappelons-le, fait dĂ©jĂ  l’objet avec sa sociĂ©tĂ© Latitude 35, crĂ©Ă©e en 2015, d’une aide assez volumineuse pour le sponsoring du bateau V and B – Monbana – La Mayenne qui coĂ»tera au DĂ©partement 1,6 million d’euros sur quatre ans.

Rien n’arrĂŞte donc ceux qui n’ont pas froid aux yeux… Pour sa part, la gauche au DĂ©partement dĂ©nonce ce qu’elle appelle « une fuite en avant de la politique d’attractivitĂ©. Nous sommes stupĂ©faits par cette annonce trois semaines seulement après la publication du rapport de la chambre rĂ©gionale des comptes qui Ă©pingle sĂ©vèrement la politique d’attractivitĂ© du DĂ©partement », avait rĂ©agi la minoritĂ©. Dans leur rapport rendu public, Ă©crit l’opposition Ă  Olivier Richefou, les magistrats de la chambre ont pointĂ© le 15 dĂ©cembre dernier, de nombreuses irrĂ©gularitĂ©s dans ce sponsoring nautique et s’interrogent quant Ă  ses retombĂ©es pour l’image du dĂ©partement. » Une « dĂ©cision incomprĂ©hensible Ă  l’heure oĂą le DĂ©partement devrait se concentrer sur la question du pouvoir d’achat, de l’accès aux soins en Mayenne et sur ses missions premières de solidaritĂ©s » ajoute le communiquĂ© de presse largement repris.

Alors que penser d’un PrĂ©sident qui agit sans tenir compte de l’avis de la chambre rĂ©gionale des comptes des Pays de la Loire qui lui a quand mĂŞme suggĂ©rĂ© de se recentrer sur les fondamentaux d’une collectivitĂ© dĂ©partementale, Ă  savoir le Social ? A vous de juger…


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Sur les grilles du conseil dĂ©partemental et de la PrĂ©fecture de la Mayenne – © leglob-journal.fr

En assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale extraordinaire du 5 novembre 2022, le gĂ©rant principal et ingĂ©nieur en gĂ©nie civil de formation, Maxime Sorel et Eric Sorel, gĂ©rant associĂ©, votent le changement d’adresse de la SARL Latitude 35 qui est domiciliĂ©e dorĂ©navant Ă  Cancale oubliant Saint Malo oĂą elle avait Ă©tĂ© inscrite au registre du commerce en 2015 pour une durĂ©e de 99 ans.

Dans les statuts, on lit que la sociĂ©tĂ© a pour objet : la « Gestion de la partie technique, financière, organisationnelle, logistique, navigation de projet de course au large ; Animation d’Ă©vĂ©nements, convoyage de bateau ; Prestation intellectuelle dans le domaine de la formation, conseils techniques liĂ©s au mĂ©tier du BTP, contrĂ´le d’engins. » Au dĂ©part, Maxime Sorel a apportĂ© 5000 € de fonds propres en capital social Ă  10€ la part en ne laissant qu’un seul titre Ă  Eric Sorel. RĂ©sultat, le skipper dĂ©tient 499 parts de la SARL Latitude 35.


Un entrelacs de sociétés


Mais alors comment s’imbrique la sociĂ©tĂ© de Maxime Sorel dans celle intitulĂ©e Dragon Fly Investisment, heureuse propriĂ©taire du bateau dont il est le skipper, sociĂ©tĂ© dont le prĂ©sident de Sodistra est le gĂ©rant ?

Guillaume NĂ©ron-Bancel, lui, ancien directeur de communication de l’attractivitĂ© du prĂ©sident du conseil dĂ©partemental de la Mayenne dĂ©sormais salariĂ© chez Actual Leader group, apparait comme un simple associĂ© Ă  titre personnel. Si on relit le rapport des magistrats de la chambre rĂ©gionale des comptes on y voit un peu plus clair mĂŞme s’ils ne citent pas de noms de sociĂ©tĂ©s. Ils Ă©crivent nĂ©anmoins : « Après son dĂ©part du DĂ©partement [de la Mayenne], en sus de ses activitĂ©s au sein du groupe A [Actual], Monsieur C [Guillaume NĂ©ron-Bancel] a [Ă©tĂ© Ă  l’initiative de la crĂ©ation] en mai 2021, d’une sociĂ©tĂ© [en nom collectif] dont l’objet est l’achat, la vente, la location et l’exploitation d’un bateau de compĂ©tition. Ce bateau est le nouveau bateau du skipper [Maxime Sorel] dont la propre sociĂ©tĂ© [Latitude 35] figure parmi les six associĂ©s indĂ©finiment et solidairement responsables de l’entreprise crĂ©Ă©e par Monsieur C [Guillaume NĂ©ron-Bancel].

Mais qui sont ces sociĂ©tĂ©s qui ont crĂ©Ă© un « écosystème » selon une source proche du dossier ? La première d’entre-elles se nomme EBS Finances, sociĂ©tĂ© Ă  finalitĂ© patrimoniale, domiciliĂ©e Ă  Château-Gontier. Son gĂ©rant, Emmanuel Bouvet, n’est autre que l’un des deux fondateurs du groupe V and B. La sociĂ©tĂ© GP and co, une autre sociĂ©tĂ© civile situĂ©e, elle, Ă  Saint-Fort en Mayenne et crĂ©Ă©e en juin 2021 a pour gĂ©rant Jean-Pierre Derouet, l’autre co-fondateurs de V and B.

Apparait Ă©galement Montmartre expansion SAS installĂ©e Ă  Paris et Pornic appartenant Ă  la famille Buton. Montmartre expansion – gĂ©rĂ©e par Christian Buton, PrĂ©sident du conseil d’administration du Groupe Saveurs & DĂ©lices – a rachetĂ© Monbana et RĂ©autĂ©, les deux pĂ©pites de chocolat en Mayenne… Montmartre expansion est elle-mĂŞme dĂ©tenue par une autre sociĂ©tĂ© financière familiale, la SA Fabulux.

S’ajoute aussi Ă  la liste, la sociĂ©tĂ© Darlig situĂ©e Ă  Château-Gontier et gĂ©rĂ©e par Erwan Coatanea lui-mĂŞme PrĂ©sident de la sociĂ©tĂ© Sodistra qui « conçoit et fabrique des solutions de traitement d’air sur mesure : des centrales de traitement d’air et des rĂ©seaux de gaines de ventilation. » ; Darlig est une sarl patrimoniale d’investissements crĂ©Ă©e en 2011 dans le domaine immobilier. Enfin, n’oublions pas dans cet inventaire le nom de Guillaume NĂ©ron-Bancel qui y est « associĂ© Ă  titre personnel« .

Le rapport de la chambre régionale des comptes devait aussi dévoiler que « trois autres associés sont en lien direct avec les deux autres sponsors du skipper [V and B et Monbana], détenant des fonctions d’administrateur, de directeur général ou de président de ces sponsors. La société [Dragon Fly Investisment] est d’ailleurs située à la même adresse que l’un des sponsors.« 

Par ailleurs, « La chambre observe que Monsieur C [Guillaume NĂ©ron-Bancel], initiateur de la politique d’attractivitĂ© et du sponsoring nautique use de ses connaissances sur la stratĂ©gie du DĂ©partement et du rĂ©seau qu’il a tissĂ© pour faire prospĂ©rer son entreprise qui tirera des bĂ©nĂ©fices des financements apportĂ©s par le DĂ©partement. Au surplus, il entretient des liens Ă©troits avec les deux autres sponsors du skipper. [V and B et Monbana] » Et les magistrats d’ajouter : « Lors de l’entretien de fin de contrĂ´le, l’ordonnateur [Olivier Richefou] a indiquĂ© qu’il avait connaissance de cette sociĂ©tĂ© et de l’implication de Monsieur C, qui selon-lui dĂ©tient des parts minimes. La chambre relève, Ă©crivent les magistrats, qu’il dĂ©tient un nombre de parts du mĂŞme ordre que les autres. Le capital social s’élève Ă  1 000 €, la sociĂ©tĂ© du skipper apportant 200 € et les cinq autres associĂ©s 160 €.« 

« Cette participation croisĂ©e (…) tout cela n’est pas illĂ©gal en soit, mais relève du domaine de l’optimisation fiscale, analyse pour leglob-journal.fr un proche du dossier. Les services fiscaux ou l’Urssaf pourraient s’en emparer… On voit bien que Monsieur C [Guillaume NĂ©ron-Bancel] a commencĂ© au DĂ©partement et qu’il conserve des liens en allant ensuite travailler chez Monsieur B (Samuel Tual) en continuant Ă  faire du business… » . Et Maxime Sorel dans tout ça ? Nous l’avons contactĂ©, il n’a pas donnĂ© suite.


Le « Double Everest » et plus encore ?


Thomas NĂ©grier, notre confrère au Maine Libre, a bien saisi ce qui pousse le sportif chevronnĂ© qui a Ă©tĂ© propulsĂ© par le DĂ©partement de la Mayenne grâce au « sponsoring nautique » dans la classe reine des monocoques, les IMOCA. Ce grand amoureux de sensations fortes fait partie, Ă©crit-il, de « ceux dont les projets s’enchaĂ®nent et qui ne peuvent jamais tourner en rond, mĂŞme après avoir fait le tour du monde. […] Maxime Sorel, dans cette catĂ©gorie, en est clairement l’un des Ă©tendards.« 

Le journaliste Ă©crit aussi : « Dixième du VendĂ©e Globe 2020-2021 et cinquième de la dernière Route du Rhum en Guadeloupe, le breton ne manque pas d’ambitions. Au printemps 2023, il tentera de gravir le toit du monde, l’Himalaya et ses 8 848 mètres d’altitude. » Et Thomas NĂ©grier de continuer en faisant part de « l’une des autres passions » de Maxime Sorel, Ă  savoir la course automobile. « Les 24 Heures du Mans, c’est vraiment un truc que j’ai envie de faire. J’adore les sports mĂ©caniques. Les 24 heures, ça ressemble un peu Ă  ce qu’on vit. Faut que la voiture tienne, il y a la gestion du bonhomme et de la machine. » Si le breton sait y faire il pourra peut-ĂŞtre trouver une oreille encore attentive de la part du PrĂ©sident Richefou, qui sait ?


maxime sorel 2022 route du rhum
Maxime Sorel à l’entrainement avant le départ de la Route du Rhum, Mer d’Iroise le 28 septembre 2022, photo © Jean-Marie LIOT

En attendant, quelle chance de se mettre en prĂ©paration pour gravir les pentes qui doivent le mener sur « le toit du monde » ! et tenter son « double Everest » comme il le dit. Maxime Sorel sait qu’il va Ă  nouveau « Faire de la Mayenne un territoire d’exception, rĂ©vĂ©lateur de talents, compĂ©titif. Renforcer la notoriĂ©tĂ© et assurer le rayonnement de la Mayenne au plan local, rĂ©gional et national » comme le vante le conseil dĂ©partemental. SĂ»r qu’il participe de ces objectifs clairement affichĂ©s…

Une annĂ©e creuse et hop, de la rando Ă  grande Ă©chelle, en attendant 2024 et la participation au VendĂ©e Globe. Quant Ă  son bateau exposĂ© Ă  quai Ă  Laval sur la Mayenne en 2021, le DĂ©partement a recensĂ© pour cette opĂ©ration « 2 000 visiteurs pendant les quinze jours de sa prĂ©sence sur la Mayenne« … Sur cinq jours et Ă  raison de vingt visiteurs par jour (seulement), voilĂ  qui permet, n’est-il pas de « Poursuivre le dĂ©ploiement de la Marque Mayenne auprès des Mayennais et hors Mayenne » ! â—Ľ


le slogan du Glob-journal

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