leglob a lu pour vous : « Panorama » de Lilia Hassaine – Par G. de Roz

Une illustration leglob-journal.fr pour le roman Panorama,- image Pixabay

Nous sommes en 2050, un nouveau principe régit la vie de tous les citoyens : la transparence. Un thème déjà décliné dans la vie politique et publique actuelle. Mais dans cette dystopie sous influences, Lilia Hassaine nous offre une satire de tous les travers de nos sociétés actuelles. « Panorama » a reçu le prix Renaudot des Lycéens 2023.


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Le roman commence avec la révolte de la population face à des jugements qu’elle trouve laxiste : un célèbre influenceur porte plainte contre son oncle qui l’a violé enfant mais le crime est prescrit. L’insurrection s’étend. «  Le hashtag « Revenge Week »-semaine de la vengeance devient viral. Un climat insurrectionnel s’installe en France. Les victimes punissent leur bourreau. » Alors intervient le fameux principe de maisons en verre transparentes. Tout le monde peut voir, observer tout le monde et ainsi être protégé contre les agressions. Tout ira bien dans le meilleur des mondes, le seul endroit où l’on aura un peu d’intimité pour s’ébattre ce sont les lits sarcophages …

Oui mais voilà dans ce monde merveilleux de sécurité une famille disparaît. La policière chargée de l’enquête va découvrir les failles et les faiblesses de cette architecture qu’elle a pourtant choisie.

En les caricaturant habilement l’autrice dénonce les prémisses de systèmes qui commencent à infiltrer notre société : Une société marchande où seuls les riches ont droit à cette protection de la transparence, où chacun vit dans son monde sans aucune mixité, trop de normes.

Dans ce monde il faut correspondre aux normes, ne pas diverger, tout doit être lisse et finalement « même les étoiles s’ennuient ; à force de se comparer nous finissons par nous imiter. » Le monde des affaires est dénoncé « dans les métiers précaires le marché fait sa loi, l’emploi est volatil » pour son inhumanité. La critique du système judiciaire est poussé à l’extrême dans ce monde artificiel et d’apparence où « les victimes ont droit à un avocat, pas les accusés…Pendant le procès chacun peut s’exprimer deux minutes puis on vote à main levée. »

La policière chargée de l’enquête devra parcourir un long chemin personnel et professionnel pour découvrir la vérité, retrouver les sentiments humains « la vie qui fait mal ».

Dans ce roman qui se dévore vraiment comme un polar, on apprécie la dénonciation de notre société corsetée par les images, le manque de dialogues et de respect des différences. On découvre un univers froid où les enfants seront des victimes qui n’est pas sans évoquer par sa sauvagerie le Seigneur des Mouches de Golding. Avec un langage simple et clair, presque chirurgical Lilia Hassaine nous assène une belle leçon de réflexion sur la vie politique ou encore le vivre ensemble.


Panaroma de Lilia Hassaine est paru chez Gallimard


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