L’onde de choc Doineau fait vaciller le PrĂ©sident – Par Thomas H. 🔓

L'assassinat de Jules CĂ©sar
Vincenzo Camuccini – La mort de CĂ©sar (1798)

Image "Editorial" dans leglob-journal

Si la parole libère, elle permet aussi de sortir du silence. C’est une Ă©vidence. Elle assène ou peut rassurer. Pourtant, parfois, la parole ne peut sortir aussi facilement qu’on ne le souhaiterait. L’expĂ©rience qu’a vĂ©cu Ă  ses dĂ©pends Elizabeth Doineau (UDI) s’érigeant en « accusatrice Â» par la prise de parole publique en s’adressant, en face, Ă  celui qu’elle avait soutenu, et dont elle avait facilitĂ© l’élection Ă  la PrĂ©sidence en dĂ©but de mandature, est symptomatique.

Le politique fait toujours plus ou moins dans le consensus. Mais il arrive qu’il ne puisse continuer à « jouer la loyauté ». C’est ce qu’a vécu la sénatrice Elizabeth Doineau qui a cassé un statu quo, provoquant un tsunami, aux ondes de choc encore actives.

Son pavĂ© dans la mare du PrĂ©sident, sa parole libĂ©rĂ©e, mais non sans difficultĂ©s, – elle avouait au Glob-journal se sentir « dans la culpabilité » – Ă  l’encontre de celui qui n’était jusque-lĂ  jamais, ou rarement, remis officiellement en cause par ses collègues de la classe politique, a portĂ©. Son courage n’a pourtant Ă©tĂ© saluĂ© ce jour-lĂ  publiquement que par un seul Ă©lu. Un Ă©lu de l’opposition Ă  Olivier Richefou. Les autres, ceux que l’ont dit dans la majoritĂ© politique, se sont pour une fois abstenus, ne prenant pas part au dĂ©bat, s’extrayant de cette histoire qui a semblĂ© les tĂ©taniser. Tout comme celui qui Ă©tait visĂ© par la diatribe, la sĂ©natrice terminant son intervention ad hominem par cette interpellation qui restera historique : « Monsieur le PrĂ©sident, je demande votre dĂ©mission! Â»

Alors, pourquoi une telle situation oĂą une « alliĂ©e Â» casse la cohĂ©sion politique autour d’un homme qui cherche Ă  s’ériger en leader ? Et de manière aussi frontale ? Il faut bien admettre que la sĂ©natrice s’est senti « blessĂ©e« . (Lire ici) . La conseillère dĂ©partementale ajoutait Ă  l’adresse de Nicole Bouillon, – la première vice-prĂ©sidente du DĂ©partement de la Mayenne, qui l’avait interrogĂ© par sms sur l’ampleur de la situation -, cette rĂ©ponse engageant finalement toute la majoritĂ© : «La situation est grave… et nous ne pouvons plus collectivement la couvrir Â»

Le mensonge, Ă©rigĂ© en système de gouvernance politique, c’est ce que rĂ©vèle finalement au grand jour la sĂ©natrice. Ce que chacun a plus ou moins ressenti, au moins une fois… C’est « l’illustration de votre personnalitĂ©, analysait publiquement Elizabeth Doineau : vous frappez, vous mentez, vous persistez, vous mettez la pression, vous cassez, vous Ă©puisez, et puis, quand le vent tourne, vous essayez de rĂ©parer ! Vous n’êtes pas Ă  votre premier coup d’essai. Tout le monde se rappelle de l’affaire Fernand Puech. Il y en d’autres ! Â»

Effectivement. Votre journal en a Ă©galement fait les frais. « leglob-journal n’a jamais Ă©tĂ© lĂ , sur le banc de la presse avec ses confrères… Â» avait rĂ©pondu Olivier Richefou dans une longue intervention en rĂ©ponse au conseiller dĂ©partemental (PS) Guillaume Garot qui lui demandait : «Pourquoi le fondateur du Glob-journal est lĂ -haut, au balcon de visiteurs, et non avec les journalistes… monsieur le PrĂ©sident». Ce que n’a pas dit l’homme politique du haut de sa tribune prĂ©sidentielle, c’est que c’Ă©tait un « ordre du PrĂ©sident Â»… C’est pourtant ce que la responsable des relations presse, faisant son job finalement de peur des reprĂ©sailles, avait annoncĂ© un peu avant au fondateur du Glob-Journal dans le hall du conseil dĂ©partemental lui faisant « barrage ». Le journaliste n’a pas pu ĂŞtre admis comme il le fut pendant un an et demi sans discontinuĂ© dans l’hĂ©micycle en tant que dĂ©tendeur d’une carte de presse. L’Ă©change politique, et prĂ©curseur de l’Ă©pisode Doineau, entre les deux hommes politiques n’a jamais Ă©tĂ© relatĂ© par la presse pourtant prĂ©sente et tĂ©moin dans ce théâtre de la politique locale. Mentir, ce jour-lĂ , devant toute la reprĂ©sentation dĂ©partementale, le PrĂ©sident en avait fait l’éclatante dĂ©monstration, car chaque Ă©lu et journaliste prĂ©sents, dans son fort intĂ©rieur avait la preuve Ă©vidente qu’il s’agissait d’un Ă©norme mensonge. leglob-journal a dĂ©noncĂ© et portĂ© cette mise Ă  l’Ă©cart devant le DĂ©fenseur des droits. Lire ici

Elisabeth Doineau a donc eu le courage de s’émanciper de la tutelle d’une majoritĂ© politique qui a choisi le non-dit, le silence, l’acceptation, et les « couleuvres ». Elle l’a fait en plus le jour du 8 mars oĂą les femmes revendiquent des droits Ă  Ă©galitĂ© avec les hommes. Si officiellement et localement la classe politique continue de faire silence-radio sur l’évĂ©nement, les dĂ©fections autour du PrĂ©sident sont patentes. Le staff de la majoritĂ© dĂ©partementale commence sĂ©rieusement Ă  s’amĂ©nuiser, et le vivier de voix qui pourrait permettre au PrĂ©sident d’ĂŞtre portĂ©, une nouvelle fois Ă  la prĂ©sidence du DĂ©partement, aussi. Beaucoup de conseillers dĂ©partementaux, en effet, ne « repartent Â» pas. Nobert Bouvet, Xavier Dubourg, ValĂ©rie Hayer, Michel HervĂ©, Alexandre LanoĂ«, Marie-CĂ©cile Morice, Beatrice Mottier, pour ne que les plus emblĂ©matiques … Un Ă©lu confiait au Glob-journal : « Regarder comme Olivier Richefou est seul sur Twitter… Â».

Alors quelles seront les consĂ©quences de ce « tsunami Â» politique qu’a provoquĂ© cette femme qui a aussi dĂ©missionnĂ© de la prĂ©sidence de la commission de la SolidaritĂ© au DĂ©partement dans la foulĂ©e? Ă€ quelques mois des Ă©lections, il faudrait s’appeler Nostradamus ou Madame Soleil pour prĂ©dire ce qui va arriver. Le PrĂ©sident affiche une certaine sĂ©rĂ©nitĂ© alors qu’il vient d’envoyer un courrier de trois pages Ă  des agents dĂ©partementaux… Son entourage fait le dos rond. La vie continue. Mais une chose est sĂ»re, il y aura un avant et un après. Et quelque chose est cassĂ© dans la mĂ©canique de la majoritĂ©. Quant au « marqueur » Doineau, il restera le symbole d’une Ă©mancipation personnelle, oĂą la politique dans son ensemble s’est nettement grandie, dans un dĂ©partement, la Mayenne, jusque-lĂ  Ă©minemment « conservateur » en tout point.


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1 thought on “L’onde de choc Doineau fait vaciller le PrĂ©sident – Par Thomas H. 🔓”

  1. Communiqué de presse de la France insoumise 53 datant du 18 mars et resté lettre morte : Olivier Richefou : un (petit) Jupiter local ?

    Les rĂ©vĂ©lations Ă©difiantes de Mme Doineau sur le comportement de M. Richefou n’ont pas dĂ» surprendre ceux qui ont eu Ă  subir les abus de pouvoir de ce personnage. En effet tout ce qu’il a entrepris depuis son accession Ă  la prĂ©sidence du dĂ©partement ne vise qu’un objectif : sa propre promotion pour assouvir sa grande ambition qu’il voit nationale !

    Qu’on se rappelle les Ă©pisodes des locaux de la Tour Montparnasse, du bateau VandB entre autres…. Mais on a vu la « mĂ©thode Richefou » atteindre des sommets d’arrogance lors de l’affaire de la fermeture programmĂ©e du collège Fernand Puech : mensonges et manipulations sur les statistiques de nombres d’Ă©lèves, refus de toute discussion et volontĂ© de passage en force, et pour finir, afin de sortir de l’impasse qu’il avait lui-mĂŞme crĂ©Ă©e, la « solution » sortie du chapeau tel un magicien de construire un nouveau collège ! Les autres conseillers dĂ©partementaux l’ont visiblement appris par la presse… et ont dĂ» comprendre alors quelle considĂ©ration le PrĂ©sident leur accordait.

    On n’a pourtant guère entendu de critiques Ă  ces occasions de la part des conseillers de « la majoritĂ© dĂ©partementale » qui, il est vrai, nous ont habituĂ©s Ă  lever la main en cadence, tels des « Playmobil », pour approuver tous les projets du PrĂ©sident, projets visiblement concoctĂ©s dans l’entre soi des repas entre grands patrons locaux et ledit PrĂ©sident… mĂŞme pendant le confinement comme on l’a appris rĂ©cemment !

    Rendons quand mĂŞme hommage Ă  Mme Doineau d’avoir osĂ© casser cette sorte « d’omerta » en dĂ©nonçant des pratiques en effet inacceptables. On comprend son indignation : en pleine actualitĂ© parlementaire sur la dĂ©fense des enfants face aux pires travers de l’humanitĂ©, dĂ©couvrir les manĹ“uvres malveillantes de M. Richefou afin de rĂ©duire les droits des personnels en première ligne pour leur protection et leur accompagnement est non seulement scandaleux mais montre le visage du pire de la politique.

    Alors oui, on ne peut que souhaiter que M. Richefou ne soit plus prĂ©sident du dĂ©partement de la Mayenne pour que les vraies prioritĂ©s sociales soient prises en compte, mais nous, Ă  La France insoumise, sommes profondĂ©ment dĂ©mocrates et prĂ´nons une plus grande implication populaire dans la marche de nos institutions. Nous prĂ©fĂ©rons donc Ă  cette sorte de « rĂ©volution de palais » (qui oppose d’ailleurs des gens du mĂŞme parti…) une riposte citoyenne : les Ă©lections dĂ©partementales sont dans 3 mois, votons pour battre cette majoritĂ© qui a « supporté » son prĂ©sident pendant si longtemps !

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