Faut que ça bouge, c’est l’époque qui veut ça – Par Thomas H. 🔓

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Le monde doit aller vite. On nous le dit constamment. Courir, rouler, voler, avancer, cliquer, appuyer pour être dans le coup. Tout le monde semble avoir peur de l’arrêt. L’immobilisme n’est plus tendance, même si certains font encore l’éloge de la lenteur. En tout cas, si vous ne souscrivez pas à cette rapidité ambiante, vous êtes discrédités. Il faut bouger, se donner et aller vite! Mais pour quoi?

Analyse

Par Thomas H.


La belle lettre guillemet du Glob-journal

«Le monde bouge !» nous disait, – il n’y a pas si longtemps -, la publicité pour une banque en guise d’argument commercial principal, appuyant ainsi les pratiques du monde libéral qui se donne une sorte d’auréole de modernisme en misant sur le changement, et le mouvement, face à la stabilité et à l’inertie que constituerait l’ancien monde. «Le monde bouge » le slogan se voulait hyper-convaincant, comme si on avait pas le choix.

Il est un fait, les flux sont de plus en plus rapides. Les impulsions de plus en plus courtes. De la 3 G, il nous est demandé de souscrire à la 4 G et plus. On nous annonce la 5 G. Plus vite, toujours et encore. On imagine que ce n’est pas qu’une question d’accélération. De maîtrise. C’est aussi des enjeux financiers.

Les «autoroutes de l’information» et c’est tant mieux ont été déployées pour une circulation accrue du message, et de la connaissance. Mais à quel prix? Et comment? Cela passe très souvent par un simple clic. Sur un volant, une télécommande. Plus généralement sur un clavier d’ordinateur.

Alors des masses d’argent faramineuses sont transférées d’un compte à l’autre. En silence. Les capitaux sont parfois blanchis ; ils ont disparu en apparence, ils se sont évaporés là, et se sont agrégés à d’autres ici. Ni vu ni connu. Il faudra du temps et de la volonté au juge pour tenter de débrouiller l’écheveau! Si il y parvient.

Les informations sous la forme d’images et de sons sont transplantées d’un continent à l’autre par le téléphone satellite. Objet de propagande et d’embrigadement. Aussi. Fantastique au sens propre. Mais non sans conséquence pour le droit à l’information.

Sans en avoir conscience, le satellite permet l’espionnage et l’intervention de drones tueurs à des milliers de kilomètres avec une image terriblement fine et à l’insu de celui qui est dans la cible. Le signal permet l’écoute pour des grandes oreilles aux desseins inavoués. À l’Echelon de tout un continent.

La circulation de l’information a été décuplée grâce à Internet et les monopoles financiers qui se sont accaparés cette diffusion de l’information commencent à être amoindris. En apparence, sans qu’on puisse le vérifier. Vite ! Essayons de nouveau de concentrer le pouvoir en quelques mains. Faut sauver apparemment les apparences.

Il semblerait qu’il ne suffit plus d’avoir de l’argent pour être en capacité d’informer. Une machine, une connexion, et le tour semble joué. Le monde bouge ! On vous dit ! L’information circule, elle va et elle vient. Reprise, ou commentée souvent sans grande valeur ajoutée. L’essentiel est, semble-t-il, la libre expression. L’apparence technique de la liberté d’expression. Le vent du progrès souffle ici et là, un temps grâce aux réseaux qu’on dit « sociaux », agrégateurs de volonté et vite dévoyés. Le progrès, c’est fait pour avancer. Non ? C’est fait pour être dans le mouvement. Pour vivre avec son temps !

Faut que ça bouge ! Bon sang ! Pourtant les idées progressistes, elles, sont freinées. Ça bugge pas mal de ce coté là. Elles progressent trop doucement, comparativement à d’autres qui savent se déployer bruyamment comme l’idée que le code du travail ne serait pas assez « agile » et dans le mouvement. La machine à faire le bien de l’Homme est un peu coincée, elle est même grippée. Alors l’idée de réforme se réduit à la volonté d’élaguer. Ou d’amoindrir, ou même de régresser.

Signe des temps, celui de la politique s’est mis au rythme de la semaine voir de la journée. Le temps politique s’est accouplé à celui de la communication politique. Il faut raconter une histoire par jour, faire du Story telling disent les spin doctors, une story qui vit un temps et se meure au fil de l’actualité des chaines d’informations en continu ou bien des réseaux sociaux. Ôter une information qui parait gênante du fil d’actualité d’une chaine radio d’infos – facile sur un simple coup de fil auprès du décideur – et l’honneur est sauf et le citoyen peut vivre tranquille.

Les grands flux sont en mouvement, les grands le sont aussi. Ils ne semblent pas dans l’immobilisme. Une entreprise change de nom,, et d’un clic tout s’efface sur internet. Même la notoriété devient propre et tout se crée à la vitesse de la lumière. Les moyens d’aller vite sont de plus en plus performants, mais il nous semble pourtant que nous faisons souvent du surplace et que pas grand chose ne progresse.

Aller vite ne permet pas de s’interroger et dissuade de la réflexion. Aller vite nous empêcherait de voir ce qui est à coté de nous. Celle ou celui par exemple qui tend la main pour manger et demande que tout s’arrête un instant. Mais le plus souvent nous sommes si pressés. Si indifférents.

Non ! s’il vous plait, ne zappez pas. Ne zappez plus ! Si, si ! Votre effort de lecture sera bientôt terminé… Vous allez vous arrêter un moment, oui, c’est ça ! Rien qu’un instant. Prévoyez-le long, s’il vous plait, cette instant! Vous verrez, si, si : « n’ayez pas peur« , penser cela ne fait pas mal, bien au contraire. Penser et réfléchir, vous verrez, finalement que vous devriez y prendre goût ! ◼


le slogan du Glob-journal

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