Editorial – « Dura lex, sed lex », apprend Marine Le Pen à ses dépends🔓

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Marine Le Pen invitée de Hardtalk sur BBC News le 8 février 2022 – capture écran BBC

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L’État de droit est consubstantiel à la République et à notre démocratie qui tente d’exister le plus correctement possible. Rappelons que les lois sont votées par les députés pour être finalement appliquées par les juges qui ont pour mission de rendre la justice au nom du peuple français. Partant de là, tout autre commentaire mettant par exemple en avant « une décision contraire aux normes démocratiques » comme l’a signifié très vite le Kremlin constatant l’inéligibilité de Marine Le Pen, une alliée idéologique, est particulièrement déplacé surtout venant d’un État, la Russie, envahisseur et qui s’est depuis longtemps fortement éloigné de la notion d’État de droit et de respect de la Démocratie. Faut-il rappeler les morts de journalistes enquêtant sur les pratiques du pouvoir et celle plus récente du principal opposant à Poutine Alexeï Navalny.

Comme à chaque fois, l’idée du « procès politique » refait surface. Surtout quand la décision de justice surtout quand elle ne plait pas. Comme dans les années 80 quand la classe politique mécontente qu’on s’en prenne à elle, évoquait la « République des juges » , ou voyait dans la magistrature « des juges rouges » face à des jugements hourdis par une magistratures aux ordres…

Même s’il ne faut pas être dupe, cette petite musique dangereuse de réprobation insidieuse qui s’entonne aujourd’hui parmi les responsables politiques qu’on classe pourtant dans la case de la Droite dite républicaine est électoraliste. Au LR, par exemple des voix majeures n’ont pas hésité à regretter que Marine Le Pen soit privée de la possibilité de se présenter à la Présidentielles de 2027. Au nom de la Démocratie, ont-ils dit comme François Xavier Bellamy que l’on pensait plus modéré que Laurent Wauquier, Bruno Retailleau ou Gerald Darmanin… « Quoiqu’on pense du RN et de l’affaire jugée aujourd’hui, cette date restera un jour très sombre pour la démocratie française. La candidate que les sondages placent de fait en tête à l’élection présidentielle est empêchée de concourir par une décision de justice : cet événement inédit laissera des traces profondes. (…)  » a écrit sur X le candidat LR aux dernières élections européennes.

Cette peine d’inéligibilité qui est réservé aux délits financiers dit de « col blanc » est issue des « lois du 15 septembre 2017 qui créent cette peine complémentaire obligatoire non limitée comme celle prévue par la loi Sapin II. » Rappelons simplement que Marine Le Pen avait estimé en la votant qu’elle n’allait pas assez loin dans la sanction. Et parlait de « révocation à vie » …

De son coté LFI dans un communiqué insiste sur « (…) les faits qui sont déclarés avérés sont particulièrement graves. Ils contredisent entièrement le slogan « tête haute, mains propres » sur lequel ce parti a longtemps cherché à prospérer. Nous prenons acte de cette décision de Justice, même si nous refusons par principe que le recours soit impossible pour un justiciable quel qu’il soit. » Pour sa part, Jean Luc Mélenchon ajoute s’associer « (…) pleinement à la déclaration de la coordination du mouvement insoumis. (…) la décision de destituer un élu devrait revenir au peuple. C’est à cela que servirait le référendum révocatoire dans une 6e République démocratique » . « Dure est la loi, mais c’est la loi ». Ou si vous préférez : dura lex, sed lex. Trouvez des moyens de la remettre en cause, c’est surtout l’affaiblir.


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(…) les faits qui sont déclarés avérés sont particulièrement graves. Ils contredisent entièrement le slogan « tête haute, mains propres » sur lequel ce parti a longtemps cherché à prospérer.  » – La France Insoumise


Marine Le Pen va faire appel. Une action que lui permet justement l’État de droit que le RN dénonce, mais qui n’aura pas d’incidence sur son inéligibilité de cinq ans qui enjambe l’élection présidentielle. Ne pas être éligible est une peine complémentaire aux peines dites classiques, votée par les députés. Les « cinq ans de prison dont deux ferme » assortis d’une amende de 100 000 €, retenu dans le jugement à l’encontre de la cheffe de file des députés RN à l’Assemblée Nationale. sont des peines au Pénal somme toute classiques.

De la « prison ferme » entre guillemets pour les hommes et les femmes politiques qui a l’air d’être synonyme de peine aménagée, avec recours au « bracelet électronique » puisque l’on sait que Marine Le Pen sera assignée à résidence avec ce type de contrainte. Tout comme Nicolas Sarkozy qui fut condamné, lui, a un an « ferme » dans l’ « Affaire des écoutes » à porter cet outil relié à l’administration pénitentiaire, qui l’entrave, mais qui lui évite la maison d’arrêt… Pourtant « la détention à domicile sous surveillance électronique, cette peine peut être prononcée pour une durée comprise entre 15 jours et six mois. » stipule le code de procédure pénal.

Avec cet épisode que traverse la vie politique française où l’on s’aperçoit que la justice mène à bien des affaires qui ont longtemps occupées le cycle médiatique, peut-on, toute proportion gardée oser faire un rapprochement avec l’opération « Mains propres » que nos voisins transalpins avaient déclenchée ? « La tornade italienne » comme la nommait Eva Joly dans son livre Notre affaire à tous. (Ed. Les arènes) qui ajoutait « la délinquance financière crée du malheur pour demain » . La Justice passe. Il arrive parfois que le politique trépasse avec des affaires qui permettent à la Justice de mériter justement son nom… ⬛


le slogan du Glob-journal

2 thoughts on “Editorial – « Dura lex, sed lex », apprend Marine Le Pen à ses dépends🔓”

  1. Marine Le Pen se présente comme une justiciable « à part ». Selon elle et ses soutiens, ses ambitions politiques d’accéder à l’élection de 2027 pour la gagner, devraient la mettre à l’abri des lois qui s’appliquent à tous.
    Hubert Falco, Gaston Flosse, Brigitte Barèges, François Fillon, Jérome Cahusac, entre autres se sont déjà vu infligerla même peine d’inéligibilité exécutoire telle qu’elle est prévue par le droit sans forcément crier au complot politique ou à la mort de la démocratie.
    Il faut également savoir que se sont ses infinis recours, le déclenchement d’un QPC et son refus de répondre à plusieurs convocations de la justice qui ont créé la situation présente où sa condamnation est prononcée 2 ans avant l’élection. De même qu’elle n’est pas victime comme elle le dit, mais coupable, elle est la première responsable d’un calendrier judiciaire finalement défavorable à ses ambitions.
    Ce système d’inversion des faits est typique des discours d’extrême droite et Trump en est le modèle accompli. Comme pour valider d’ailleurs ce système d’inversion des faits par l’extrême droite ce sont des personnages tels que Poutine, Orban, Musk, entre autres, qui sont venus aussitôt après le jugement donner des leçons de démocratie à la France, ce qui ne manque pas de sel.

    Il est cependant un point ou Marine Le Pen n’est pas une condamnée tout à fait comme les autres.
    48% des condamnés en première instance en correctionnelle se voient condamnés à des peines exécutoires. Pour un grammage de cannabis un peu trop important, par exemple, un condamné peu être mis en prison immédiatement. Il fera appel ensuite s’il le peut. Ce qui différencie donc le délinquant ordinaire et Marine Le Pen,c’est que, condamnée pour un détournement de 4,1 millions d’€, elle pouvait le jour même faire le tour des médias pour pleurer sur son triste sort.
    Si on tenait vraiment à affirmer qu’il existe une justice « politique », il faudrait par honnêteté intellectuelle admettre le fair que la justice est toujours plus lente et plus clémente avec le personnel politique délinquant qu’avec le délinquant « de base ».

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