Présidentielles : Levons l’illusion Le Pen – Par leglob-journal 🔓

Marine Le Pen candidate au second tour de la Présidenteille sur la BBC News invitée de Hardtalk
Marine Le Pen candidate au second tour de la Présidentielle invitée de Hardtalk sur BBC News – capture écran

Choix de société

Par leglob-journal.fr


« Comment voter? », c’est la question que bon nombre de Français se posent. Comment remplir son droit de citoyen, qui n’est pas une obligation mais un devoir, rappelons que de ne pas l’exercer n’entraine pas de sanction. Reste le coté sociologique de l’abstention qui est le symptôme d’un mal fondamental que bon nombre de dirigeants n’ont pas su relever et contrer…

Quoiqu’il en soi, Marine Le Pen qui fait tout pour se retrouver sur le trône de Présidente de la République a confié à la BBC, le 8 février 2022 : « Les grandes lignes que je défends sont celles défendues par monsieur Trump et monsieur Poutine. » Tout est dit ou presque. Veut-on entrer dans une ère à la Trump et comme aux États-Unis se battre quotidiennement pour réclamer le minimum syndical en matière de démocratie ? Souhaite-t-on comme en Russie supporter une guerre dont les Russes eux-mêmes sont contraints de tout ignorer avec des médias à la botte, au pas ?


Marine Le Pen : "Mais contrairement à vous, je ne ne crois pas qua la Russie désire envahir l'Ukraine" - Extrait HardTalk sur BBC News
« Mais contrairement à vous, je ne ne crois pas que la Russie désire envahir l’Ukraine […]  » – Extrait HardTalk sur BBC News (8 février 2022)

Soyons vigilants ! La dédiabolisation que la candidate d’extrême droite aurait réussie à réaliser depuis des années pour se donner une respectabilité, – une image de « Femme d’État » qu’elle revendique sur les affiches -, n’est pas réelle. Même si Eric Zemmour a su la rendre plus acceptable par comparaison. Ce que les anglais appelle dans leur langue une « désintoxication » quand ils traduisent « dédiabolisation » est en réalité un écran de fumée censé masquer la réalité. Insidieusement, il s’agit en fait d’intoxiquer les esprits, de distiller le poison des fausses idées apparaissant sympas, de manipuler des espaces de cerveaux disponibles, de répandre de fausses informations et de plaire. Il y a donc besoin d’une bonne dose de désintox justement.


La préférence nationale


A la BBC, l’équivalent de France Télévision en Grande Bretagne, elle se présente lors d’une longue interview comme « la candidate de la France des oubliés » en référence aux Gilets-Jaunes et déclare, que contrairement à sa nièce Marion Maréchal Le Pen : «  je ne fais pas dans le conservatisme et ne mène pas de guerre religieuse et il n’y a pas de conflits de civilisation et de conflits de religion… » Elle dit vouloir être propre sur elle alors que finalement tout son programme contient des mesures qui engendreront de la violence sociale. N’a-t-elle pas lancé au journaliste aguerri de BBC News : « La France a besoin de fermeté » . Doux euphémisme. Stephan Sackur n’a pas hésité, au demeurant légèrement, et de façon « so british », à la questionner en douceur mais en allant au fond des sujets, ce qui l’a fait sourire à plusieurs reprises et par défense, porter un jugement sur le professionnalisme de la BBC… Attaquer sur des faits qui sont alternatifs, c’est la parade classique.


Marine Le Pen : "Je vois que la BBC est toujours aussi caricaturale..." - Extrait HardTalk sur BBC News
« Je vois que la BBC est toujours aussi caricaturale… » – Extrait HardTalk sur BBC News

Marine Le Pen qui se prétend une « Femme d’Etat » est avant tout la femme politique de « la préférence nationale », ce qui est contraire à la déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 et de 1948, inscrites en préambule de la Constitution de 1958 et de l’Héritage de la Révolution Française. « La préférence nationale », c’est le pivot central de son programme électoral. Et la laisser passer, c’est ouvrir la porte funeste à toutes les discriminations que l’on tente depuis trop longtemps de gommer et à tout un tas de mesures anti-migratoires. Marine Le Pen entend faire passer cette réforme par un référendum.

Anticonstitutionnel, son programme repose, il faut bien le comprendre ou s’en rappeler, sur ce qu’on appelle le « tout-sécuritaire » , et la chasse à l’immigration. Le port du foulard qualifié d’ « uniforme islamique et non musulman » sera interdit dans le domaine public, a-t-elle annoncé lors d’un point presse. « Cette interdiction n’est pas fondée sur la laïcité mais sur la lutte des idéologies islamiques, une idéologie totalitaire qu’il faut combattre partout où elle s’exprime… » a-t-elle justifié au cours d’une conférence de presse (12 avril 2022). Ira-t-on vers une chasse aux sorcières qui peut faire craindre, à terme, avec des libertés amoindries encore un peu plus, et qui pourrait déboucher sur une situation de dictature ?


Un régime plébiscitaire


Plutôt qu’un régime présidentiel ou même parlementaire, la candidate du RN souhaite en fait instaurer un régime plébiscitaire. Par le biais de la consultation référendaire, le vote du peuple pourrait aussi se déplacer vers le rétablissement de la peine de mort ou bien s’ériger contre le droit à l’avortement. Comment ? En projetant dans le même temps de réduire au silence toutes les oppositions. Et le pouvoir d’achat qu’elle met en avant dans son programme n’est que l’arbre, – celui que chaque électeur sans s’interroger veut voir par intérêt -, qui cache la forêt.

Marine Le Pen n’est pas non plus dans l’admiration de la liberté de la presse. Loin s’en faut. Elle souhaite privatiser le service public ni plus ni moins et refuse d’accréditer depuis dix ans les journalistes de Médiapart et de Quotidien. Et parfois aussi le journal Libération et l’AFP. Tous ceux qui la critiquent ou ne vont pas dans son sens sont blacklistés…

Le droit de manifester, déjà affaibli sous plusieurs quinquennats, serait aussi largement remis en cause, et les procureurs, placés aux ordres, seraient comme des préfets mais de justice. La « loi anti-casseurs » serait rétablie, pour rendre responsables des participants à une manif où des violences auraient été commises, des manifestants reconnus responsables sans qu’ils en soient les auteurs. D’ailleurs les policiers auraient droit à une « présomption de légitime défense » ouvrant la porte à l’arbitraire et à l’impunité. Déjà très présentes sous le quinquennat d’Emmanuel Macron des violences policières ne pourraient que s’accroitre… Est-ce vraiment ce modèle de société que la France mérite ? ◼


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