Mourir dans la dignité – « il est temps de légiférer » – par l’ADMD 53 🔓

Un vieux dans un Ehpad

VieRage

Une proposition de loi sur la fin de vie sera examinée le 8 avril 2021 à l’Assemblée Nationale. L’ADMD de la Mayenne a interpellé les députés mayennais par le biais d’une Lettre ouverte, pour se faire entendre, et leur demande de soutenir ce texte*. Michel Neveu, le Délégué Départemental de l’Association pour le droit de mourir dans la dignité en Mayenne (ADMD 53) leur a demandé non seulement d’être présent le 8 avril dans l’hémicycle mais de prendre part au vote. « Donner un droit nouveau, c’est l’imposer à personne » explique l’ADMD 53. Leglob-journal publie cette Lettre ouverte.

« Une nouvelle liberté sans créer d’obligation »

Par Michel Neveu


La belle lettre guillemet du Glob-journal

Ces derniers mois ont mis en lumière, à travers la douloureuse crise sanitaire que nous connaissons, les insuffisances de la loi du 2 février 2016 sur la fin de vie. Des intubations ou des réanimations ont été imposées à des citoyens, certes âgés mais libres et résolus, à l’encontre de leurs directives anticipées ou de la parole de leur personne de confiance mandatée à cet effet. Des patients en fin de vie n’ont pas été respectés dans leur conscience et leur volonté. Beaucoup d’inquiétudes ont été exprimées et l’angoisse s’est ajoutée au virus. Plus que jamais, la loi de 2016 a montré ses faiblesses et son inadaptation aux réalités de la fin de vie. Elle rend les directives anticipées opposables mais non contraignantes. Elle crée un droit au « laisser mourir » – par la sédation – dans les tout derniers jours de la vie.

La loi de 2016 refuse un droit au « faire mourir » – par l’euthanasie ou le suicide assisté – lorsque le pronostic vital est engagé, et que les douleurs sont inapaisables et qu’aucun espoir ne subsiste. Elle interdit à celles et ceux d’entre nous qui disposent de leur discernement le droit de décider eux-mêmes des conditions de leur propre fin de vie.

Dans le monde, plusieurs pays accordent à leur population la liberté de choisir leur fin de vie. Et cela sans dérive…Depuis 2001, en Europe, de plus en plus de pays autorisent l’aide active à mourir : la Suisse, les Pays-Bas, la Belgique, le Luxembourg. Cette année l’Espagne, le Portugal et la très catholique Irlande ont entamé un processus législatif, avec le soutien de leur gouvernement, en direction d’une loi de liberté. En Allemagne, en Autriche et en Italie, des décisions des plus hautes juridictions ont ordonné de permettre ont ordonné de permettre l’aide active à mourir ; avant 2022, en ce qui concerne l’Autriche.

Aux Etats-Unis, dix Etats ont légalisé le suicide assisté ; l’Oregon dès 1997. En 2014, le Québec a autorisé l’aide médicale à mourir et puis le Canada a légalisé cette pratique humaine de fin de vie. L’Australie, état après état, légalise l’aide active à mourir : Le Victoria en 2017, l’Australie Occidentale en 2019, la Tasmanie sans doute en 2021. La Colombie (depuis 2015) et la Nouvelle-Zélande, dès l’année prochaine, permettent aussi le droit de mourir dans la dignité.

Chez nos voisins européens qui ont légalisé l’aide active à mourir, depuis bientôt 20 ans pour certains, le recul est largement suffisant pour démontrer que les dérives n’existent pas et que toute la population, même si elle ne souhaite pas user de ce droit, est heureuse qu’il existe. Au cas où…


Un droit n’est pas une obligation


Un droit nouveau donne une nouvelle liberté sans créer d’obligation. Un droit nouveau enrichit une société tout entière. L’interruption volontaire de grossesse a permis aux femmes de décider si elles voulaient ou non devenir des mères. Mais aucune, jamais, n’a été forcée dans notre pays à avorter contre sa volonté. Pourquoi ? Parce qu’une loi bien écrite, avec ses contrôles, permet d’éviter les dérives et de respecter les volontés de chacun

Le jeudi 8 avril prochain, dans le cadre d’une niche parlementaire du groupe Libertés et Territoires, sera examinée par l’Assemblée Nationale la proposition de loi de votre collègue, Olivier Falorni, député de Charente-Maritime, donnant le droit à une fin de vie libre et choisie. Une telle loi de liberté est attendue par l’immense majorité des Français, puisque les sondages – constants depuis de très nombreuses années – donnent un niveau d’adhésion de nos compatriotes à la légalisation de l’aide active à mourir à hauteur de plus de 90%.

Je sais qu’il n’est pas de coutume que les parlementaires d’un groupe votent les propositions de loi inscrites dans le cadre des niches parlementaires d’un groupe différent. Cette ultime liberté – que vous pourriez donner aux Français – justifie pourtant cette exception. En 2010/2011, Communistes, Parti de gauche, UMP et Socialistes au Sénat s’étaient regroupés derrière un même texte proposé en commission des affaires sociales. Aujourd’hui, à l’Assemblée Nationale, la France Insoumise, Les Républicains, le groupe Libertés et Territoires, La République en Marche, les Socialistes portent des textes qui, tous, souhaitent légaliser l’aide active à mourir. Ce sujet dépasse largement les clivages politiques et doit être un motif de rassemblement.

C’est pourquoi, je vous demande d’être présents en séance ce jeudi 8 avril pour voter la proposition de loi d’Olivier Falorni « donnant le droit à une fin de vie libre et choisie« . Les 74 000 adhérents de l’ADMD seront collectivement vigilants sur les travaux de l’Assemblée nationale en la matière.  » ◼


*Yannick Favennec (UDI) s’est déclaré « Favorable » . Même chose pour Guillaume Garot (PS) qui a répondu à Michel Neveu qu’ « il était temps de légiférer. » Quand à Géraldine Bannier (MoDem), après avoir dit vouloir « attendre de connaître la position du groupe MoDem à l’Assemblée nationale pour se prononcer« , elle a fait savoir qu’ « elle soutiendrait le texte » .


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