Le « choix » de la Région créé le clash* à Laval Agglo – Par Thomas H. 🔓

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Par Thomas H.


100 millions d’€ de retrait au budget 2025 de la Région, bien au delà des 40 millions suggérés par l’État. Cette décision dictée par un choix de Christelle Morançais, la présidente de la Région Pays de la Loire, a bien évidemment été évoqué en conseil communautaire et à fait l’objet de ce qu’on appelle couramment une « passe d’armes politiques » entre Florian Bercault (DVG) et la conseillère régionale Samia Soultani qui en raison de son mandat ne pouvait pas ne pas intervenir – Analyse


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Le soldat Soultani a défendu la cheffe de corps Christelle Morançais (Horizons) en montant en première ligne pour défendre le choix de sa Présidente de Région qui, rappelons-le, a succédé à Bruno Retailleau qui avait choisi le Sénat. Monter au créneau en politique est louable, défendre ses idées et ses convictions, c’est même le cœur du métier d’élu. Ce qu’a fait Samia Soultani en répondant – même si on l’a senti gênée et peu préparée – aux arguments développés par Florian Bercault qui a parlé de « coupes massives et inédites en France sur les politiques publiques essentielles pour le vivre ensemble, pénalisant les plus fragiles, sous couvert de recentrage sur les compétences obligatoires de la Région. » Le sport, la culture, l’environnement, la solidarité et les missions locales seraient « impactés » par ces violents « coups de rabot » .

Un choix. Il n’y a pas à tortiller. En politique, il s’agit de choisir, de privilégier telle action plutôt qu’une autre. Mais choisir à bon escient afin d’éviter les remontées de terrain. Des maires en Vendée et en Loire-Atlantique n’ont pas pu le faire de vives voix dans des réunions pourtant programmées et annulées, Christelle Morançais ayant choisi là aussi…

La Présidente n’avait pas le choix selon elle et il ne s’agissait surtout pas d’un « caprice gestionnaire » même si on est en droit de le penser et même de le dire et l’écrire. En fait, c’est bien d’un choix qu’il s’agit de la part de la Présidente, un vrai choix politique évident, bien qu’elle s’en défende estimant en creux ne pas avoir le choix… Sur un réseau social elle écrit : « Le seul véritable choix que j’exerce dans cette affaire et que j’exerce à fond, c’est d’assumer totalement ces économies […] c’est une nécessité budgétaire et un devoir moral vis-à-vis de nos enfants... » a-t-elle mis en avant pour justifier ce que d’aucun ont qualifié d’ « excès de zèle » (100 millions d’€ au lieu des 40 d’économies demandées) afin de répondre à une annonce d’un gouvernement dans lequel se trouve Bruno Retailleau.


Une nouvelle manière de faire de la politique ?


A l’inverse, par exemple du positionnement de circonstance de la présidente de l’assemblée régionale qui semble négliger les politiques qui n’entreraient pas dans les compétences obligatoires de sa collectivité, le président de Laval Agglo estime au contraire dans son édito de novembre 2024 que « la culture est un puissant levier de développement et de rayonnement de notre territoire, une véritable richesse et nous avons la responsabilité de la valoriser. » . Selon les comptes réalisés par ses services se serait entre 600 et 700 000 € en moins pour la politique cultuelle sur le territoire de Laval Agglo, sans oublier les deux millions d’€ de participation à la construction du conservatoire départemental Le Quarante « qui tardent à venir… » selon Florian Bercault.

On annonce aussi l’arrêt du soutien financier de la Région à l’évènement sportif des Boucles de la Mayenne, alors que le Tour cycliste des Pays de la Loire, émanation de la Région, va entamer l’année prochaine sa troisième édition du 8 au 11 avril 2025. Quant à « Ma région virtuose« , nouvelle appellation des Folles journées musicales, elle pourrait ne pas avoir lieu à Laval ; le Théâtre et son conseil d’administration ayant entériné une suppression de subvention régionale de 78 000 € censée pérenniser à Laval, le Centre national de la Marionnette Aussi le Théâtre ne serait plus en mesure d’honorer les « 20 000 € de reste à sa charge » concernant les concerts décentralisés de musique classique à Laval…

Le maire de la ville, président de l’agglomération a-t-il inventé une nouvelle manière de faire de la politique localement comme l’accuse Samia Soultani publiquement ? Jugez plutôt…

« Malgré le discours ambiant, – on l’entend ce mot de responsabilité qui appelle à faire preuve justement de responsabilité -, il s’avère que la Région en la matière fait preuve d’irresponsabilité, sans annonce, sans dialogue et sans prise en compte des conséquences concrètes pour les territoires et les populations.  » a avancé Forian Bercault… « Irresponsabilité » , quand la parole de la Région est reniée en raison de ces « économies » alors que sa signature figure dans un contrat pluriannuel d’objectifs engageant la collectivité régionale. « Irresponsabilité‘ enfin ajoute le N°1 de Laval Agglo quand « la Région ne propose à la jeunesse et aux lycéens que des bâtiments et plus aucune activités d’épanouissement » . Quant à la création du CNAREP, le Centre national des arts de la rue et de l’espace public des Pays de la Loire qui, selon le ministère de la Culture « a pour vocation à conforter et compléter l’ensemble des propositions artistiques et culturelles déjà accompagnées sur le territoire par Laval Agglomération » comme la DRAC l’écrivait en 2022, il semble avoir du plomb dans l’aile et être « sérieusement mis à mal » selon la déclaration de Bruno Fléchard, l’adjoint à la Culture de la ville de Laval en conseil communautaire.

« Aimer et agir pour les Pays de la Loire » , c’est le groupe de la majorité auquel appartient la 14ème vice-présidente de la Région qui se trouve aussi dans l’opposition de droite au conseil municipal de Laval. En prenant justement la parole, Samia Soultani s’est révélée en séance du conseil communautaire, et est intervenu sur des points de détails… Manifestement, elle a semblé avoir été prise de court par cette « sortie » verbale du Président. Et sa façon d’envisager la politique en s’adossant sur des schémas qui n’ont plus lieu d’être actuellement à été symptomatique d’un état d’esprit que certains pourrait estimer « conservateur« . Jugez plutôt…

« […] Je ne savais pas que vous étiez le porte-parole de l’opposition, Monsieur Bercault… Ce sont des mensonges ce que vous avez dit et j’assume ce mot… Ce que vous avez présenté était d’une grande malhonnête.. Les recettes de la Région proviennent de la TVA …  » et Samia Soultani de continuer : « Si vous estimez que Guillaume Garot ne fait pas correctement son travail d’opposition à la Région, il vous faut, je ne sais pas, changer de mandat !… Mais vous ne pouvez pas vous adressez de cette façon aussi brutale… je ne pensais pas que vous puissiez le faire, je ne m’y attendais pas et c’est irrespectueux vis-à-vis des élus de cette instance… Vous voulez faire parler de vous, faire de la communication, mais honnêtement ce n’est pas l’endroit… Moi, j’estime que je suis ici à l’Agglomération de Laval et pas à la Région…« 


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Samia Soultani conseillère régionale siégeant au conseil communautaire de Laval Aggo. Ici au coté de Didier Pillon ancien adjoint à la Culture de François Zocchetto – image capture Youtube

Florian Bercault a repris la parole en donnant presque l’impression de se justifier. Légèrement déstabilisé et manifestement agacé, parce qu’il a énuméré des faits, simplement du « pur factuel » comme il a déclaré. « Est-ce que j’ai parlé d’une dérive libérale de votre Présidente ?… Non ! » a rétorqué habilement le président de Laval Agglo à Samia Soultani qui a répliqué en lui coupant la parole et en montant dans les tours : « Vous êtes en train de faire de la politique politicienne, de la politique politicienne…, c’est regrettable…Vous êtes le président de Laval Agglo, il faut vous contenter de ce rôle… Ce que vous faites ce n’est pas digne d’un département comme la Mayenne où les gens sont modérés, où les gens sont calmes, et où on discute… C’est vraiment honteux… c’est vraiment honteux…  » a-t-elle répété un brin condescendante… Puis Samia Soultani devait, une fois le soufflé retombé et son micro coupé, quitter la salle quelques minutes plus tard… « Comme à son habitude, comme à chaque fois qu’il y a une difficulté » devait commenter Florian Bercault…


Dire ce que l’on pense…


Fin de la « passe d’armes« … Ou plutôt fin du débat politique, même s’il a pu paraitre tendu… à propos d’un choix éminemment politique, celui de la Région qui « impacte » semble-t-il toute une série de mesures programmatiques mises sur les rails dans les collectivités territoriales des Pays de la Loire et qui ne seront peut-être pas pour la plupart mener à bien. C’est le cas du Centre national des arts de la rue et de l’espace public (CNAREP) des Pays de la Loire dont une délibération préparative a été voté ce soir-là d’un montant de 40 000 € (mi-temps d’un personnel administratif) et dont on ne sait pas si cette argent servira finalement à quelque chose… Même chose pour la ville de Château-Gontier où la scène nationale Le Carré au Théâtre des Ursulines pourrait ne pas bénéficier d’une subvention régionale de 137 000€ rapporte la presse localement.

Il n’est pas simple de s’exprimer et de dire ce que l’on pense… Le maire de Laval en avait déjà fait l’amer expérience quand au début de son mandat, il avait mis en avant dans un interview parisien certaines grosses entreprises, fleurons du patrimoine mayennais, qui selon ce qu’il affirmait semblaient faire la pluie et le beau temps en Mayenne. Des hommes politiques de premier plan étaient montés au créneau, en bons petits soldats, le fustigeant et le rappelant à l’ordre en avançant qu’elles étaient pourvoyeuses d’emplois. « On ne touche pas », semblait dire la riposte.

Est-il encore possible de critiquer une politique sans apparaitre comme un opposant à la personne qui la déploie ? Localement, nationalement, internationalement, cela semble bien compromis…

Florian Bercault aurait franchi un rubicond selon Samia Soultani qui dans son intervention s’est retrouvée engoncée dans une attitude quelque peu agressive à son égard alors que le propos de ce dernier ne l’était pas du tout dans la forme. Même si le fond était difficile à entendre, il s’agissait bien d’expliciter les conséquences d’un choix politique pas du tout assumé.

La réaction de la 14ème vice-présidente de la Région en conseil communautaire est un cas d’école. L’un des plus beaux exemples donnés à voir en Mayenne de cette incapacité à déployer et à accepter des arguments qui dérangent. En ce sens, l’actuel élu à la ville et Laval Agglo tranche avec son prédécesseur François Zocchetto qui nous avait donné à maintes reprises des exemples où il n’avait pas osé dire politiquement ce qu’il en était. En ce sens, Bercault diffère de ses prédécesseurs dans sa façon de déployer ses arguments. La plupart du temps, l’ancien sénateur-maire de Laval ne donnait aucun sens ni direction à ses choix politiques, (exemple : la vente de Saint-Julien accordé à des mouvances tradi-catho sans explication ni débat en conseil municipal), ce qui lui permettait d’obtenir une neutralité de bon aloi dan « un département où pour vivre heureux, il faut vivre cacher » .

Si l’on veut que l’électeur s’y retrouve, il faut qu’un homme ou une femme qui a choisi de s’impliquer et d’entrer en responsabilité politique ose affirmer ses idées et ses convictions et qu’il ou elle nous disent clairement qu’il est réactionnaire ou progressiste… Les temps changent et la façon de faire de la politique aussi. ⬛


*clash : anglicisme signifiant querelle violente, rupture


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